FAITS D'HIVER

Du droit du sang

Ce 28 septembre 1999, la cour d’assises des Vosges va devoir juger les tortionnaires du petit Johnny, 4 ans, découvert en octobre 1996 dans une ferme de là-bas, dans un triste état. Sa mère, 25 ans, son père, 39 ans, deux tantes, deux oncles et l’un de ses grands-pères, sont accusés d’avoir torturé, violenté et ravalé au rang de moins qu’une bête depuis toujours.


Dès que ce pauvre gosse se levait, il était frappé, parce que… Dès qu’il bougeait, il prenait des coups, parce que… Il n’avait pas le droit de jouer. Pas le droit de sortir, pas le droit de… Pour un oui, pour un non, c’était au coin, les mains derrière le dos. Pour un oui, pour un non, c’était privé de repas. Pour un oui, pour un non, c’était aller dormir avec les poules ou avec les cochons. Un brave homme d’électricien, venu se faire régler une facture de hasard a oser dénoncer cette ignominie qui n’était pas vraiment ignorée par…

Battu, encore battu, toujours battu, massacré régulièrement, affamé, humilié chaque seconde de sa vie, envoyé dormir avec les poules ou les cochons, au su et au vu de…

Certains se réjouiront vraisemblablement que ces enfoirés prennent 10 ou 15 ans dans la tronche. D’autres, dont je suis, préféreront laisser de côté la gestion des effets pour oser une réflexion sur les causes. Pour un cas comme celui-là, signalé, combien de cas tus ? Pour un cas comme celui-là, caricatural, combien d’autres, simplement moins pires, tolérés ?

Il y a quelques années, ma compagne (l’amour de ma vie) et moi-même, deux pauvres hères de la classe moyenne (on imagine ce qu’il peut en être pour les autres classes en « dessous » de la moyenne) se sont fait recalés à l’examen de l’adoption pour cause de trop grande projection affective sur un enfant d’un autre sang.

Mon témoignage ne présente donc pas les qualités de l’objectivité. La revendication des anarchistes par rapport à la citoyenneté de l’enfant et à la non propriété parentale présente, elle, toutes les caractéristiques d’une subjectivité qui ne fait pas photo. L’enfant n’appartient ni à ses parents ni à Dieu, ni à l’État, mais à sa propre liberté, aimait à dire le camarade Bakounine !

Oui, bon, mais tout ça remet en cause la propriété parentale et le droit du sang ! Oui !

Jean-Marc Raynaud