Après « Orwell, anarchiste
tory » (1), J-C Michéa, agrégé de philosophie
enseignant à Montpellier, nous offre une nouvelle analyse décapante
en s’attaquant cette fois aux pseudo-réformes successives, droite
et gauche mêlées, du ministère de l’Éducation
nationale qui, en promouvant un savoir « jetable », c’est-à-dire
purement utilitaire, ont entraîné en pratique un « déclin
continu de l’intelligence critique et du sens de la langue ». De
sorte que si « le niveau monte » au sein de la jeunesse scolarisée,
le corollaire paradoxal c’est qu’« un individu peut tout savoir sans
rien comprendre. »
Élargissant son propos en convoquant
à son chevet Marcel Mauss, George Orwell, René Girard, Pierre
Legendre et l’Encyclopédie des nuisances, l’auteur dénonce
l’« omnimarchandisation » du système capitaliste et
les mythes du « progrès » et du « mouvement »
débouchant sur une accumulation sans fin qui conduisent l’humanité
« à un monde écologiquement inhabitable et anthropologiquement
impossible ». Une marche arrière mais à distinguer
d’une inacceptable régression s’avère indispensable
pour redonner le primat « au lien sur le bien ».