L’été de Kikujiro
Takeshi Kitano
Le succès de Sonatine et de Hana-Bi
ont permis la distribution d’autres films de Kitano, extrêmement
différents du genre auquel Kitano semblait être fatalement
attaché : Yakusa(s) contre flic(s), ou le Yakusa qui sommeille dans
chaque flic ou le flic dans le Yakusa qu’il s’agit d’éliminer…
Le père de Takeshi Kitano était
une sorte de « troisième couteau » ce qui pourrait expliquer
rétrospectivement pourquoi il incarnait avec tant de drôlerie
un Yakusa pitoyable dans Tokyo Eyes de Jean Pierre Limosin. Par conséquent,
Kitano tueur solitaire ou flic violent s’autorise à son tour à
revendiquer une sorte de paternité, adoptant le temps d’un film,
un petit garcon, Kikujiro, justement. Un film recréation, en somme.
Font surface, les jeux de plage de Sonatine, les fous rires de Hana-bi,
l’émotion qui vous étreint dans A scene at the sea. Pour
accompagner la virée insolite de Takeshi acteur avec le petit Kikujiro,
on va oublier par le jeu et les rires les blessures de la vie, rien de
plus.
Voilà la lecon simple de L’été
de Kikujiro. Le film est un road movie sur la naissance d’une amitié
et l’infinie délicatesse que le père d’un été
« oui, du con » est capable de mobiliser pour faire oublier
le chagrin d’un gamin.
Conseil aux parents frileux : il y a une
scène d’une tentative de fellation, hilarante d’ailleurs, faites
tomber les pop-corns, faites lui ramasser ses bonbons acidulés,
mais sinon, L’été de Kikujiro est un plaisir pour les grands
et les petits !
Heike Hurst (Fondu au Noir-Radio libertaire)