Eurojustice… Europolice…
Non à l’Europe des képis !
On savait déjà qu’«
ils » (comprendre les pouvoirs politiques et économiques)
avaient décidé de faire de l’Union européenne une
forteresse assiégée. Ils ne s’en cachaient pas, au contraire.
Une habile propagande, afin que les populations adhèrent au projet,
laissait croire que des hordes affamées en haillons, venant du reste
de la planète, frappaient à la porte façon invasion
barbare. D’où la nécessité de frontières européennnes
fermées, avec pour corollaire les restrictions de plus en plus sévères
du droit d’asile, par exemple, genre de mesure contenue dans les accords
de Schengen. Bref, l’espace judiciaire européen. Paradoxalement,
ça ne « les » gênait pas de prôner la mondialisation
à outrance, le libéralisme le plus effréné,
entendre par là libre circulation du fric et des marchandises, pas
des personnes. C’est ça, la démocratie à la sauce
capitaliste ! Ce dont ils ne se vantent pas, c’est que l’U.E. sera surtout
une gigantesque résidence surveillée… Oh, pas de rideau de
fer, de barbelés et de miradors, non, on fait dans le soft, plutôt
inquiétant comme dans ce feuilleton télé culte : Le
prisonnier (je ne suis pas un numéro !). Une île plus ou moins
« tranquille », pas de chaînes, mais une surveillance
permanente, électronique, invisible mais bien présente.
Le prétexte sécuritaire
Derrière les déclarations lénifiantes
sur la création d’une eurojustice (prévue pour fin 2001),
se dissimule l’espace policier européen… Au dernier sommet de l’U.E.,
à Tampere (Finlande), a été annoncé le renforcement
d’Europol, la police européenne. Bien sûr, chaque fois qu’une
saloperie se prépare, on se dépêche d’envoyer un rideau
de fumée. Les récents déboires du FMI et de son "fric
détourné par les mafias russes" offrent le prétexte
idéal : lutter contre le blanchiment de l’argent sale. Et pour faire
bonne mesure, ça plaît toujours, le trafic de drogue, de matières
nucléaires (on est rassuré), le terrorisme. Au diable l’avarice,
ne pas oublier l’immigration clandestine (tiens, tiens…), le vol de voitures
et tutti quanti. Mais qu’en est-il réellement ? Tout d’abord, réintroduire
en douce ce qui avait été refusé par le Parlement
européen en mars 1997 et réaffirmé en avril 1997.
Ainsi, un acte du Conseil des ministres (le véritable exécutif
et faisant loi) indique qu’« Europol précise si des données
afférentes à l’origine raciale, aux croyances religieuses
ou autres, aux opinions politiques, à la vie sexuelle ou à
la santé peuvent être introduites dans le fichier d’analyse
». Tout ce dont ne voulaient pas les parlementaires : « Les
informations concernant les opinions, les croyances […] et autres données
à caractère personnel […] ne peuvent être enregistrées
dans les fichiers d’Europol ». De même que « la banque
de données soit soumise au respect du droit à la vie privée,
qu’aucun critère discriminatoire […] aucune mention de la religion,
des convictions philosophiques ou politiques, de la race, de la santé
ou de l’identité sexuelle des personnes ne puisse y figurer ».
Efficace le travail des députés, c’est fou ce que ça
sert ! Là-dessus, on apprend que les compétences d’Europol
peuvent être renforcées et élargies par le Conseil
grâce à une procédure simplifiée. Ce qui permet
de le faire en toute tranquillité, sans débat public, bonjour
la transparence ! Est donc créé un fichier où un simple
soupçon suffit à vous y mettre, et pour longtemps. «
[Les données] ne peuvent être stockées pendant plus
de trois ans » mais « ce délai recommence à courir
à partir de la date à laquelle se produit un événement
donnant lieu à un nouveau stockage de données ». Autant
dire que ça permet de faire durer…
La démocratie blindée
Si on sait que la Cour de Justice européenne
n’a qu’un contrôle a posteriori, quand le mal est fait, on continue
à se poser des questions. On peut…
Organisation internationale indépendante,
Europol bénéficie de l’immunité de juridiction (ça
ne s’invente pas, même si Europol fait quelque chose d’illégal,
rien à dire) et ses membres ont l’immunité diplomatique.
Incontrôlés et incontrôlables, qui dit mieux ? Un grand
merci à l’Acte Unique européen, qui, non seulement nous pourrit
la vie en renforçant ce système économique inégalitaire,
mais en plus offre à l’engeance policière des pouvoirs exhorbitants
! Et on se doute bien que ce n’est pas pour faire joli dans le tableau,
mais pour que ça serve ! Nul besoin d’être anarchiste pour
être effaré et indigné ! Un système où,
impunément, on peut ficher les individus, les espionner, enquêter
sur leur vie intime n’a qu’un nom : le totalitarisme ! l’Union européenne
offrira de plus en plus le visage hideux de la démocratie blindée.
Défenseurs intransigeants de la Liberté, nous dénonçons
cette nouvelle attaque et nous serons du combat pour sa protection avec
tous « ceux qui disent non à l’Europe des képis »
!
Eric Gava. groupe de Rouen