Notre vieux compagnon Pierre-Joseph
écrivait… beaucoup. Une trentaine d’ouvrages parurent de son vivant
et une vingtaine de volumes seront constitués, après sa mort,
par ses héritiers testamentaires à partir de ses notes ;
sa correspondance ne remplit pas moins de dix-sept tomes.
Est-ce à dire que tout a enfin
été mis à la disposition du public ? Loin de là
! L’an dernier, les derniers, les éditions Hon-No-Tomosha retrouvaient
et publiaient en volumes 239 lettres inédites entre 1848 et 1848
(1). Les archives personnelles de Proudhon se constituent de plusieurs
dizaines de milliers de pages encore inédites. Elles peuvent se
classer en cinq grandes catégories : Les cahiers de lecture ; les
carnets (2) ; les manuscrits demeurés à l’état d’ébauche
ou non publiés ; les notes et annotations diverses ; les lettres
non éditées (3). Une grande partie de ces manuscrits sont
actuellement soigneusement conservés et protégés à
la bibliothèque municipale de Besançon. Son conservateur,
Mme Marie-Claire Waille et son assistante Mme Françoise Laurent,
nous ont fort aimablement fait parvenir des microfilms des manuscrits inédits
à rapprocher de La Guerre et la Paix et de La Création de
l’ordre (4).
Ayant effectué un tirage pour nos
recherches personnelles, nous n’avons pu résister à le multiplier
en quelques exemplaires (5).
Nous attirons l’attention sur le fait
qu’il s’agit de notes manuscrites, non classées, écrites
à la plume d’oie et que les procédés de duplication,
(microfilms, tirage puis photocopies) en rendent la lecture souvent difficile
et parfois totalement impossible. Ces volumes ne sont par conséquent
destinés qu’à des passionnés de l’œuvre de Proudhon
(à nos yeux, et de façon tout à fait indiscutable,
le plus grand penseur du XIXe siècle). Des compagnons se sont d’ores
et déjà attelés à déchiffrer De la critique
et des idées dans la démocratie française. S’ils parviennent
au bout de ce travail de titan, nous ne manquerons pas de publier alors
le texte composé. Cela dit, il faut et faudra toujours avoir en
tête que ces notes de même que les œuvres posthumes ou
les Carnets n’ont jamais été destinées à
être publiées telles quelles et ne doivent servir aux chercheurs
que d’aide à une connaissance exacte de la vie et de l’évolution
intime de la pensée de Proudhon.
On sait le tort qu’a causé l’édition
de la Pornocratie, dix ans après la mort de l’auteur et combien
ce texte sert encore de référence à tous ceux qui
veulent s’attaquer à Proudhon avec la plus mauvaise foi (6).
Brouillons d’articles et notes à
rapprocher de la Création de l’Ordre ; Droit de la force ; De la
critique et des idées dans la démocratie française
; Notes sur La Guerre et la Paix. Éditions TOPS/Trinquier. Chaque
volume : 150 F. En vente à la librairie du Monde libertaire.
(1) Cette maison d’édition semble
avoir disparu. De toute façon, le prix des volumes (800 dollars)
les rendaient inaccessibles. Un exemplaire est actuellement consultable
à la bibliothèque du musée social, 5, rue Las Cases
(Paris 7e) où est déposé le fonds Proudhon constitué
par la Société P-J Proudhon.
(2) L’édition des Carnets avait
été entreprise par les éditions Rivière, avec
le concours du CNRS. Sur les six volumes prévus, seuls quatre ont
paru (de juillet 1843 à août 1850). Les manuscrits sont actuellement
déposés à la Bibliothèque nationale.
(3) Nous reprenons la classification établie
par Pierre Haubtmann à la fin du tome premier de son ouvrage, Pierre-Joseph
Proudhon, sa vie et sa pensée (T.1 édition Beauschesne ;
T.2 et 3 éd. Desclée de Brower).
(4) La Création de l’Ordre sera
le prochain volume de notre réédition des œuvres de Proudhon.
(5) Dix exemplaires destinés à
quelques bibliothèques et une quarantaine mis en vente.
(6) La Pornocratie était quasi
achevé plusieurs années avant la mort de Proudhon. Écrit
sous l’impulsion de la colère provoquée par la bêtise
d’un livre de Jenny d’Héricourt, Proudhon s’est vite rendu compte
de la médiocrité de son texte. Lui, qui était toujours
pressé de voir paraître ses œuvres sa femme, ses filles
et lui-même vivaient de la vente de ses ouvrages et étaient
continuellement endettés n’a jamais adressé le manuscrit
à aucun éditeur.