FAITS D'HIVER

Notre patrie, c’est le monde !

Il s’appelait Valentin Krumov. Il avait 38 ans. Il était Bulgare. Il travaillait pour l’ONU. Le lundi 11 septembre 1999, il a pris une balle dans la tête à Pristina après avoir répondu en serbe à un groupe de jeunes gens qui lui avaient demandé l’heure. Cékonça ! Au Kosovo, en ce moment, il ne fait pas bon être ou parler serbe.  Il s’appelle Vaton Surroi. Il est Kosovar d’origine albanaise. Journaliste. Et il dénonce cette haine du Serve à la mode d’une purification ethnique revancharde.


Mieux, il écrit dans le quotidien de Pristina qu’il dirige, « Koha Ditore » et ose même parler de fascisme.
Le 2 octobre, l’agence de presse Kosovapress, qui est la voix « officielle » de l’UCK depuis des lustres, s’est donc fendue d’un communiqué « vengeur » à l’encontre de Veton Surroi et du rédacteur en chef de son journal : « Ces hommes puent le Slave. Ils ont vendus leurs âmes aux Serbes. Nous ne serons pas surpris qu’ils soient victimes d’actes de vengeance tout à fait compréhensibles et prévisibles… Ils n’ont pas leur place dans un Kosovo libre. » No comment !


Au royaume du nationalisme (de tous les nationalismes) les victimes d’un jour n’ont de cesse de devenir, à leur tour des bourreaux.
Seuls s’en étonneront toujours les imbéciles sans espoir d’un gauchisme à front bas qui sévissent jusque dans nos rangs et qui, sous couvert d’humanisme bêlant et au nom d’un prétendu « réalisme », chaussaient, il y a quelques mois seulement, les robustes godillots d’un soutien « critique » (faut quand même pas dec) à l’UCK et se gaussaient de cette « vieille » Fédération anarchiste qui refusait de choisir entre la peste et le choléra et qui estimait que la seule manière d’aider le peuple kosovar consistait à se battre pour la révolution sociale et, en attendant qu’elle pointe son nez à l’horizon, à soutenir et aider tous les insoumis et tous les déserteurs. L’histoire est cruelle !

Jean-Marc Raynaud