éditorial


Plus que jamais, la guerre fait rage en Tchétchénie. Mais c’est tout le Caucase qui est sous la pression des troupes russes. Il est de plus en plus évident que Moscou n’a aucune envie ni de discuter, ni de négocier quoi que ce soit avec qui que ce soit. Cette région est considérée par le Kremlin comme faisant partie de sa zone d’influence naturelle et il est hors de question de laisser percer le moindre soupçon d’ingérence ou d’intervention étrangère. La Russie combat des « terroristes » un point c’est tout. Et l’on sait qu’aucun État ni aucune organisation internationale ne trouvent à redire sur le principe d’éradication physique des « terroristes ».
 

Fort de ces considérations et sûr de sa supériorité militaire Poutine, Premier ministre actuel de la Fédération de Russie met le paquet pour acquérir une légitimité politique avant les élections présidentielles prévues l’année prochaine. Mais comme d’habitude nous savons que si la carrière de Poutine est sans doute éphémère, les intérêts stratégiques, militaires et économiques qui sont les véritables enjeux de ce conflit sont eux déterminants (voir articles des ML n° 1177 et 1174). Deux déclarations récentes viennent conforter cette dure réalité.
 

La commission parlementaire permanente du Conseil de l’Europe a pris ce jeudi 4 novembre fait et cause pour Moscou par une déclaration justifiant la lutte contre « tous les actes terroristes à l’intérieur et à l’extérieur du territoire tchétchène et les violations des droits de l’homme résultant de l’application de la charria ainsi que des prises d’otages ». On ne peut être plus clair quant à un soutien politique à la Russie alors que la veille le ministre russe de la Défense déclarait : « nous avons l’intention de libérer des terroristes non seulement la ville de Grozny mais aussi l’ensemble de la Tchétchénie ». Il faut donc s’attendre à un nouveau durcissement dans ce conflit avec sans doute l’entrée des troupes russes dans Grozny encerclée. Ce qui ne se fera pas sans dommages pour les populations civiles.
 

Autre décision importante dans ce jeu de monopoly mondial pour la conquête des marchés : un accord a été signé à Ankara entre la Turquie, l’Azerbaïdjan et la Géorgie pour la construction d’un oléoduc stratégique long de 2000 km pour l’acheminement du pétrole de la mer Caspienne vers le terminal turc de Ceylan. Sur ce coup-là les États-Unis ont joué un rôle essentiel et la Russie accuse le choc alors qu’elle défend le principe d’un tracé différent sur « son territoire » où justement se mène la guerre actuelle. Quel hasard !
 

Pendant ce temps-là des centaines de milliers de personnes fuyant les bombardements crèvent de faim, de froid sous les bombes, dans les montagnes et collines de Tchétchénie et sont bloqués par les gardes-frontières russes qui les empêchent de se réfugier en Ingouchie ou en Géorgie. Quelles que soient les guerres, les populations trinquent…