éditorial
La concurrence mondiale fait rage, l’agro-alimentaire
n’échappe pas à la libéralisation des marchés.
Cela ne va pas sans casse. Les petits producteurs agricoles, premières
victimes déclarées de la surenchère dans la réduction
des coûts, sont entrés en lutte. Nous ne pouvons que nous
sentir solidaire d’un mouvement qui défend la qualité et
la quantité de nourriture pour tous. Le long débat sur la
levée de l’embargo sur la viande bovine britannique n’a cependant
pas de quoi nous rassurer. La contradiction entre les conclusions des laboratoires
européens du CSD (comité scientifique directeur) et de l’AFSAA
(agence française de sécurité alimentaire) démontre
surtout la soumission de ces organismes aux intérêts économiques
des Etats.
Lorsque les frontières ne sont
plus une barrière pour le commerce, le gouvernement doit «
réguler » en situation extrême pour maintenir la paix
sociale. L’épidémie de la « vache folle », est
arrivée à point pour permettre la mise en place d’une mesure
protectionniste sans risque de représailles (vu la gravité
des faits). Aujourd’hui même si les produits anglais sont aux normes,
les pays boycotteurs tentent de gagner du temps. Ils espèrent que
de toute façon grâce au battage médiatique sur la question,
les consommateurs continueront d’appliquer l’embargo. C’est pourquoi ils
cherchent à tout prix à obtenir l’étiquetage indiquant
la provenance, avant de céder aux décisions européennes.
Peu leur importe « la santé
publique » tant que la visibilité des nuisances ne remet pas
en cause leur pouvoir. Lorsqu’on sait que le temps d’incubation pour l’encéphalite
spongiforme peut être de 30 ans, ça fait froid dans le dos
! C’est justement cette peur qu’utilisent les dirigeants et certains syndicalistes
pour tenter de nous faire vibrer sur le credo « défendons
notre bonne bouffe française », peu importe qu’un anglais
succombe, si les français sont protégés. Et c’est
évidement beaucoup moins grave quand ce sont les farines animales
de production française qui sont fabriquées avec des résidus
d’égoûts. D’ailleurs on sait que la France n’applique pas
les décisions communautaires en matière d’environnement.
Dans ce tissu d’hypocrisies bien pesées, il est pratique pour le
gouvernement d’avoir un écologiste sous le coude pour crédibiliser
la version « sanitaire » du maintien de l’embargo.
Enfin, veiller à la bonne alimentation
et à la santé des individus, c’est aussi remettre en cause
les rythmes de travail, notamment les pauses repas souvent expéditives.
Et que dire alors de la misère endémique dont souffre des
milliards d’individus. Que de choses à faire donc pour qui se préoccupe
réellement de la sécurité alimentaire…