CINEMA

Les contes de Kish

La bague de Abolfazl Jalili, Le bateau grec de Nasser Taghvai, 
La porte de Mohsen Makhmalbaf

Un film en trois épisodes réalisés par trois auteurs. D’autres épisodes étaient prévus. Mais les films n’étaient pas prêts, donc seul trois des six auteurs pressentis ont présenté leur film à Cannes. Ce film a sketches frappe par l’originalité des histoires, par la beauté du pays ou elles se déroulent, par la diversité des paysages qui les illuminent. Abolfazl Jalili (monteur, scénariste et réalisateur à la fois) dédie son film aux étudiants-amis de sa promotion qui acceptaient n’importe quel travail pour aider leurs familles restées au pays. Ainsi voyons-nous un jeune diplômé dans un lieu désolé, survivre dans des conditions de non-vie, se priver de tout pour acheter une bague (titre du film)… qu’il enverra à sa sœur pour qu’elle puisse épouser l’homme qu’elle aime.

Le bateau grec de Nasser Taghvai décrit un chantier de troisième type. Dans un bateau échoué sur l’île s’accumulent d’étranges objets, des cartons aux inscriptions insolites et toutes sortes de choses qui troublent a la longue la femme du propriétaire d’un petit magasin-bistrot sur la plage. Des plans éblouissants nous montrent des hommes dans la cale inondée du bateau repêcher de très modestes trésors, grimper des kilomètres d’échelles pour les sécher dehors au soleil. La sensation éprouvée face à cette beauté brute est gâchée par une séquence de désenvoûtement qui relève davantage des arts et traditions populaires que du cinéma.

Troisième épisode : La Porte est signée par Mohsen Makhmalbaf. Simplicité, écriture cinématographique limpide. La porte placée dans un paysage nu, le ciel, la mer, le sable, le désert… Que faut-il de plus, quand un grand cinéaste tire les ficelles ?
Kish est une île, a 18 kilomètres au sud de la côte iranienne, située au centre du Golfe Persique. Très longtemps l’île était une zone franche. Mais tout cela appartient à un passé révolu.

L’île se dépeuple et les trois témoignages en mouvement en rendent bien compte. Jalili, Taghvai et Makhmalbaf ont tourné sur l’île de Kish trois contes issus du réel.  Construits en ellipses, en digressions et en images poétiques, les films en disent long sur les rêves et la réalité, sur l’écart entre la vie rêvée et les nécessités ; Ils font naître l’envie de connaître les autres films.

Heike Hurst (Fondu au Noir - Radio libertaire)