Klaus Mann cite Rilke en exergue du
« Tournant », son récit autobiographique le plus connu
: « Qui parle de vaincre, survivre, c’est tout ! ». Survivre
loin de l’Allemagne, loin de la langue allemande, est-ce possible ? Dans
« Le Volcan » dont le film de Ottokar Runze est une adaptation
assez fidèle, mais très conventionnelle, il décrit
le combat politique d’un groupe d’exilés a Paris. Bouleversé
par le suicide de René Crevel, écrivain érotique,
anarchiste, homosexuel, Klaus Mann s’inspire du personnage de son ami écrivain
pour créer Martin qu’il investit comme un double. Ainsi il anticipe
sur son propre suicide qui surviendra en 1949.
Le film raconte dans des scènes
fortes chantées et parlées leur vie parisienne avant l’exil
américain. Ottokar Runze essaie de recréer par le décor
et par d’excellentes comédiennes (Neret Becker, Katherina Thalbach,
Elfriede Irrall, etc.) la dynamique qui faisait le prix de leur vie à
Berlin : le bistrot familier, la chanson et la satire politique (allusion
au cabaret animé par Frika Mann, sœur complice de Klaus Mann), les
discussions, la solidarité, la traque, les traitres et les révolutionnaires…
La relation ambivalente entre frère et sœur qui ne résiste pas à la drogue et au désir homosexuel, devient dans le film une relation entre Marion, Nina Hoss, chanteuse engagée et Martin, Christian Nickel, l’écrivain en crise. Les moments forts du film sont ces passages chantes, traduisant leur détermination dans la lutte contre les nazis et créant la surprise au niveau de la mise en scène… (Il est conseillé de voir le film en v.o. !)