La une du Monde Libertaire n°1174
avait pour titre « 35 heures, stoppons les arnaqueurs ». Un
mois plus tard et au vu de toutes les informations que nous pouvons récolter
ici ou là nous sommes amené à constater combien cette
affirmation se vérifie jour après jour.
Par exemple et pour le seul secteur de
Vénissieux, dans le Rhône, l’union locale de la CGT s’inquiète
de la multiplication des arrêts de travail et de grèves organisées
par des salariés s’opposant à des négociations infructueuse
et même parfois impossible à mettre en route à propos
des RTT (réduction temps de travail) liées à la loi
sur les 35 heures. Il arrive même qu’aucun projet de négociation
ne soit entrevu à moins de deux mois de la mise en application de
cette loi.
Reste que le seul moyen qu’aient entre
les mains les négociateurs syndicaux pour aboutir à des «
arrangements » et à en tirer quelque chose d’acceptable pour
les salariés, est la grève, provoquée par les exigences
et les marchandages des directions sur la flexibilité, l’annualisation,
les temps de repos et surtout, le point sensible des salaires revus à
la baisse et maquillée par des primes de toutes sortes. Si, sur
la fiche de paie, le salaire net semble identique dans un premier temps,
il ne faut pas oublier qu’une prime ça peut sauter et que les effets
sont importants sur le montant des indemnités maladie par exemple.
Il en a été ainsi chez RVI
avec un plan adopté par des syndicats très peu représentatifs
et contre l’avis de 80 % du personnel. Idem chez Renault Lyon sud où
la direction veut faire bosser les magasiniers six jours sur sept. Chez
Wallon-Axial, les chauffeurs ont stoppés le boulot trois semaines
pour conserver leur médiocre salaire qu’on voulait leur rabioter
en vue des 35 heures. Chez Discol-Prodirest à Corbas, une filiale
de Promodes-Carrefour spécialisée dans la distribution alimentaire
aux collectivités, les accords sur la RTT ont été
signés en juin par trois syndicats minoritaires (CGC, CFTC, FO).
Appliqués le mois dernier ces accords prévoient la baisse
du salaire de base compensé par deux primes dûment éjectables
en cas d’absence pour maladie ou retard. Les salariés refusent cette
magouille patronale qui tôt ou tard les pénalisera.
Pour bien marquer leur désaccord
sur la manière qui est utilisé pour les exploiter à
la mode gouvernementale « Aubry II » une trentaine de chauffeurs
livreurs et magasiniers préparateurs se sont rebellés et
organisent un piquet de grève depuis le 2 novembre. Pour toute réponse,
la direction qui refuse toute entente profère des menaces de licenciements
pour faits de grève. Deux interventions d’huissiers de justice ont
été demandées et une comparution au tribunal est faite
à deux délégués syndicaux. Par ailleurs les
patrons cherchent à semer la zizanie entre salariés en utilisant
du personnel non-gréviste aux postes des grévistes. Notons
que Discol emploie 21 salariés intérimaires depuis plus de
deux ans.
Aux dernières nouvelles les employés
du site de Wissous en Seine-et-Marne suivraient le même chemin de
lutte que ceux de leurs camarades lyonnais. Il est clair que l’application
des 35 heures réserve encore bien de mauvaises surprises dans les
entreprises où le personnel est peu ou pas organisé. Qu’on
se le dise.