José Bové est assurément
un cœur pur. La teneur et la constance de ses convictions, son courage
militant, son engagement de toujours aux côtés et au milieu
des sans-grade d’une paysannerie qui se veut au service de la vie… forcent
le respect.
Reste qu’il est permis de s’interroger
sur ses dernières déclarations en faveur d’une Organisation
mondiale du commerce qu’il cautionne désormais haut et clair en
en revendiquant un contrôle citoyen (comme les ânes d’ATTAC)
et judiciaire (comme les ânes d’ailleurs) !
Ah Dieu que la République (bourgeoise)
serait belle si les marchands de canons se résolvaient à
vendre des pistolets à eau, si le patronat se la jouait philanthrope,
si l’armée se convertissait à la non-violence, si les flics
se contentaient de régler la circulation devant les usines en grève,
si les juges faisaient montre à l’égard des pauvres hères
de la même mansuétude dont ils font allégeance à
l’égard des puissants, si les politicards se mettaient au service
du peuple pour le seul profit de l’intérêt général,
si le père Noël avait lieu tous les 25 du mois…
Mais faudra-t-il encore convaincre de
tout cela Daniel Cohn-Bendit, le nouveau pape écolo du réalisme,
qui, sans être en désaccord sur le fond avec José Bové,
s’inquiète de l’audace de telles revendications, au motif qu’elles
pourraient « diaboliser » l’OMC et « faire le jeu d’un
bilatéralisme qui ne profite qu’aux plus forts ». Et persuader
le pape, qui prépare actuellement un « document de repentir
» pour les crimes commis par les croisés dans les régions
qu’ils ont conquises, de se calmer, histoire de laisser un peu de temps
au temps !
Ah, putain de bordel de merde, comment
est-ce Dieu et le Diable possible, que l’anarchisme social se voit encore
affublé de l’étiquette… d’utopiste ?