Multiplication des conflits sur les 35 heures

Les masques tombent


La situation actuelle est intéressante car elle constitue un condensé de la problématique de la lutte sociale de l’année qui vient de s’écouler et de celle qui s’annonce. Les conflits qui se multiplient aujourd’hui, petits ou grands, médiatiques ou pas, ont en effet un point commun : les lois Aubry. Petit à petit, la réalité crue de ces lois (version 1 et bientôt version 2) apparaît à un grand nombre de salariés et l’analyse que nous pouvions en faire dans le Monde libertaire du 30 septembre dernier se concrétise point par point.
La question devient d’ailleurs incontournable pour un grand nombre de travailleurs, car beaucoup de patrons notamment dans les petites entreprises, essaient d’imposer à la hussarde des accords loi Aubry n°1 avant le 31 décembre, pour bénéficier d’aides réputées plus intéressantes que celles de la version 2. Nous avions qualifié la loi Aubry d’arnaque et d’arme contre les salariés. Malgré les rideaux de fumée syndicalo-politiques, les arnaqués commencent à se rebiffer. Au cours d’un mouvement particulièrement dur pour ce secteur, la plate-forme revendicative de l’audiovisuel résume bien la situation : des créations d’emploi à hauteur de 10 %, le respect de la convention collective nationale dans son intégralité, le refus catégorique de l’annualisation, le refus de la modération salariale.

Ainsi, la loi Aubry apparaît pour ce qu’elle est : une loi qui vise essentiellement à baisser le coût du travail pour maintenir les taux de profit du patronat, une loi qui démantèle les droits, statuts ou garanties nationales en favorisant la multiplication d’accords locaux, une loi qui ne réduit pas le temps de travail, mais qui le soumet aux impératifs des entreprises, une loi enfin qui ne crée pas véritablement d’emplois malgré la propagande ministérielle. On pourrait ajouter une loi qui fait des cadeaux ahurissants aux patrons, cadeaux payés par les impôts… des salariés.

Alors une fois de plus Aubry et le gouvernement de la gauche poubelle vont devoir compter sur leurs relais syndicalo-politiques pour faire diversion. Le 16 octobre dernier, le PC, ses satellites et les gogos trotskistes de la LCR et de LO ont occupé le terrain du mécontentement social tout en ayant avalé quelques heures plutôt le vote, en première lecture, de la loi Aubry, « amendée » pour la forme avec Maxime Gremetz dans le rôle du gentil député qui défend les travailleurs. Pitoyable !

Et ces braves gens de remettre le couvert le 30 novembre prochain, inquiets qu’ils sont de la propagation actuelle des grèves. Ainsi, la CGT, la FSU, SUD, prévoient des actions avant le vote en deuxième lecture de la loi Aubry n°2, avec une « idée » plus ou moins avouée : il faut une « bonne loi Aubry ». Et pourquoi pas des bons patrons et la Bourse au service des travailleurs !

Notre analyse est toute autre : d’un côté des travailleurs de plus en plus précarisés, flexibilisés, exploités et de l’autre un patronat qui a aujourd’hui les moyens techniques, politiques et économiques d’être de plus en plus vorace. Ce la s’appelle la lutte des classes tout simplement. Les anarchistes ont choisi leur camp depuis longtemps. Leur rôle dans les luttes actuelles n’en est que plus important.

Fabrice. — groupe La Commune (Rennes)