Transports en Communs Lyonnais

Une grève dure et populaire


Depuis plus d’un an l’intersyndicale des Transports en Commun Lyonnais (TCL) regroupant CGT, FO, UNSA, CFDT, CDTC fait face à la direction retorse de la SLTC, société gérante du réseau. Elle tente de préserver le pouvoir d’achat des employés en exigeant de la direction le maintien des augmentations de salaires alors que celle-ci propose 1,2 % sur trois ans prétextant l’embauche de 200 personnes supplémentaires pour passer à 35 heures. Elle fait fi très volontairement des 15 millions de francs alloués au financement du plan RTT par le SYTRAL autorité administrative chapeautant les TCL et constitué d’élus de la Communauté Urbaine de Lyon (COURLY) et du Conseil Général du Rhône, en plus du budget de fonctionnement annuel habituel de 1,3 milliards de francs, auquel il faut ajouter les recettes amenées par les usagers et les aides étatiques.

La SLTC est une société privée, filiale du groupe VIA GTI et a des comptes à rendre à ses actionnaires. Et il faut que ça rapporte, sinon… Néanmoins le contrat de marché signé avec les élus prévoit une garantie de bénéfices quels que soient les résultats d’exploitation. C’est beau le libéralisme ! Le seul point d’accord entre syndicats de salariés et patronat concerne le nombre de jours de congés supplémentaires qui est augmenté de 21 jours pour les conducteurs et de 15 jours pour les autres personnels. Ce sont donc bien les contreparties économiques qui posent problème.

En fait, la Direction veut augmenter le temps de travail journalier de 10 mn car elle prétend qu’une minute de travail représente pour « l’entreprise » un million de francs. Apparemment les salariés ne font pas les mêmes calculs et sont très déterminés à obtenir satisfaction. Il y a du monde sur les piquets de grève. Cette grève est pratiquement totale sur tout le réseau de métro,  y compris la ligne automatisée. Cependant à certains moments les grévistes relâchent la pression sur cette ligne et les trois funiculaires accédant aux collines. Cela permet de soulager les usagers qui marchent à pied sur des trajets difficiles en côte et sur la ligne la plus populaire (Vénissieux-Minguettes). Quant aux bus, une vingtaine seulement circulent sur la 771.

Ce dimanche 21 novembre la situation est toujours bloquée de part et d’autres. Lundi matin va sans doute être un tournant. En effet, jusqu’à ce jour ce conflit est largement populaire en dépit des contraintes imposées aux populations. Les syndicats des TCL envisagent par ailleurs d’appeler à une manifestation si les négociations n’avancent pas. Dans ce cas, il va falloir participer au soutien car le risque est que la SLTC joue sur la lassitude et le pourrissement du conflit.

Cependant la municipalité avec Barre à sa tête est dans une situation délicate car Lyon est truffée de travaux liés à la construction de deux lignes de tramways et la population est depuis un an assez perturbée par les embouteillages quotidiens que cela génère. Et tout est mis sur le dos des élus municipaux qui ont concentré les travaux sur une période courte car ils veulent que cela fonctionne avant les élections de 2001.

Pour notre part, nous pensons que ce conflit est positif et va appuyer tous les autres salariés qui en ce moment sont en butte à un patronat arrogant sur les 35 heures. Cela nous change des grèves TCL à propos de la sécurité. Après le refus des chauffeurs de faire monter les usagers par la porte avant pour obliger ceux-ci à payer, voilà un autre camouflet lancé à la face de la très catholique direction des TCL.

Daniel.— groupe Déjacque (Lyon)