FAIT D'HIVER
Subséquemment !
On les dit balauds, balourds, niais, benêts,
hébétés. Pas futés pour deux sous. Pas franchement
formule 1 côté intellect. Plutôt empruntés côté
vocabulaire. Arc-boutés sur des tirades à l’emporte pièce
ânonnées besogneusement. On les sait sans imagination, imperméables
à tout humour, hermétiques à toute poésie,
fermés à tout raisonnement, bêtement, scrupuleusement
et servilement aux ordres.
On s’en amuse souvent. On s’en gausse complaisamment.
On s’en joue parfois. Mais on s’en méfie aussi car…
Car sous leurs faux airs de… Sans avoir
l’air de… Mais tout en… Il est des gros nez rouges, de bonnes faces écarlates,
des tempes bien dégagées derrière les oreilles, des
regards sans l’ombre d’un doute, des képis irréprochables
de psychorigidité qui, parce qu’ils tutoient le quotidien de tout
un chacun et de toute une chacune, et souvent en terme de nécessité,
savent beaucoup de choses et sont souvent en possibilité de…
Mais de là, comme à Tournay-Charente
(Charente-Maritime) à les prendre pour des sangliers et à
plomber leur belle camionnette bleue qui circulait pépère
sur la départementale 214, au motif que, gendarmes ou non, il ne
fait jamais bon croiser des chasseurs en battue, il y a un pas que même
les anarchistes n’ont jamais franchi.
Camarades gendarmes, tous ânes que vous
êtes, vous qui, en ce moment, avez du mal à vous reproduire
(à 4 800 F net par mois, ça ne se bouscule pas pour être
gendarme adjoint), ne méritez pas cela. Chef, chef, y a des chasseurs
qui nous tirent comme des lapins et les anars qui ne nous prennent pas
pour des blaireaux. Ça sent l’embrouille !
Subséquemment !
Jean-Marc Raynaud