Mauroy cède face aux sans-papiers en
lutte
Les sans-papiers de Lille, expulsés
de leur local par Pierre Mauroy le 19 novembre dernier (cf notre article
la semaine dernière), sont en passe de réussir leur pari
: celui de forcer la ville à leur attribuer un nouveau local de
lutte collective. Grâce à de multiples manifestations sauvages
et plusieurs occupations de lieux publics, le Comité des sans-papiers
de Lille avait fini par obtenir pour le mardi 1er décembre l’ouverture
de négociations avec la mairie.
Jusqu’alors, le maire était resté
complètement fermé à toute solution faisant intervenir
la municipalité. Il avait convoqué à cette réunion
le Comité des sans-papiers, la Ligue des Droits de l’homme, le MRAP,
la CGT la CFDT. ainsi que l’ensemble des représentants des cultes,
la préfecture, le conseil général, le conseil régional.
Son intention était évident : se décharger sur tout
ce beau monde du problème qu’il avait lui-même créé.
Hélas pour lui, tout ne s’est pas passé comme il le souhaitait.
Les participants à cette réunion ont ainsi reconnu la légitimité
de la revendication d’un local de lutte pour le Comité des sans-papiers
: un tel local est indispensable pour la visibilité du mouvement,
son caractère de lutte collective et la sécurité de
ceux qui sont sortis de l’ombre.
L’Église elle-même, qui avait
ordonné l’expulsion du Comité de l’église de Wazemmes
à Lille lors de l’occupation du 21 novembre, s’est ainsi déclaré
prête à trouver dans son patrimoine immobilier (et il est
important…) un local pour les sans-papiers, à condition que la municipalité
en assume le coût.
La lutte paie
Nouvelle rencontre le jeudi 3 décembre,
nouveau ton de la part de la mairie : elle aurait toujours soutenu les
sans-papiers et les soutiendraient encore ; et elle serait prête
à assumer (avec d’autres collectivités locales) le coût
de la location d’un local pour le Comité des sans-papiers tout en
affirmant ne pas en disposer dans son patrimoine immobilier. Une solution
provisoire viendra donc de l’évêché : il propose de
mettre à disposition un local partagé avec la JOC à
Lille, de manière provisoire (pour six mois maximum), le temps de
trouver Une « maison » définitive pour le Comité
des sans-papiers. L’ensemble des participants à la réunion,
mairie comprise, s’engage chercher ce lieu le plus rapidement possible.
Le Comité des sans-papiers, lors
de son assemblée générale tenue le soir-même,
a accepté la proposition avec des réserves d’importance :
à tout moment, le comité devra conserver une totale ; autonomie
de décision et de gestion du futur local. D’autre part, la question
de savoir si d’autres sans-papiers pourraient mener une grève de
la faim dans le futur local n’est même pas à débattre
et ne saurait constituer un obstacle à l’attribution d’un local.
Le comité se méfie même d’une possible stratégie
d’institutionnalisation à son égard en refusant de se constituer
en association loi 1901 et en refusant de participer à l’association
qui serait créée pour être légalement responsable
des lieux.
Reste une question « sensible »
selon l’évêché : la grève de la faim menée
par 34 sans-papiers depuis le 17 novembre. L’église n’est pas prête
à accueillir les grévistes dans ses murs. La balle est donc
maintenant dans le camp de la préfecture : qu’elle régularise
rapidement et la grève de la faim s’arrêtera. Lille pourra
peut-être retrouver un calme qu’elle avait perdu depuis 15 jours.
Bertrand Dekoninck. — groupe Métropole
lilloise de la FA