éditorial
Réunis à Helsinki, en Finlande,
les chefs d’État et de gouvernement des quinze pays membres de l’Union
ont entériné les nouvelles étapes de la construction
européenne. Avec la mise en place des instruments d’une politique
de défense autonome, un pas de plus a été fait le
week-end dernier dans la mise en place d’une Europe militaire. D’ici 2003,
un état-major européen s’appuyant sur un corps d’armée
de 60 000 soldats verra le jour.
Dès l’origine, l’Europe a été
présentée comme la garantie de rapprochement entre les peuples.
Ce n’est évidemment que poudre aux yeux, artifices et mensonges
destinés à se mettre dans la poche une population meurtrie
par deux guerres mondiales. La première pierre de l’unification
européenne fut en effet de nature militaire : création de
l’Union de l’Europe occidentale (UEO) en 1948 et intégration à
l’OTAN dès 1950. L’engrenage d’une construction européenne
militaire était lancé.
Depuis, rien n’a arrêté ce
long et patient processus. Ce sommet, après le traité d’Amsterdam
(juin 1997) qui réaffirme la volonté exprimée à
Maastricht de la définition progressive d’une défense commune,
participe à la mise sur pied d’une véritable armée
européenne. La France en est l’un des plus ardents défenseurs.
Les élites savent très bien que toute superpuissance se doit
de posséder une force politico-militaire conséquente en plus
d’un pouvoir économique considérable. À terme, l’Europe
voudrait se débarrasser de la tutelle hégémonique
des États-Unis. La manipulation idéologique, à coups
de discours enflammés des politiciens repris par les médias,
consiste alors à nous faire gober que la fin du chaos sur la planète
passerait par un rééquilibrage des puissances au niveau international.
Ainsi, pour eux, l’armée servirait
à maintenir la paix. En réalité, il s’agit de la paix
sociale. Contrôler, surveiller, punir et réprimer, telles
sont effectivement les misions assignées aux armées. Quand
la construction européenne rime avec dégradation généralisée
de nos conditions de vie, il n’est pas étonnant que la bourgeoisie
se dote aussi d’instruments destinés à affronter les futures
révoltes de demain. Assurément, celles-ci ne manqueront pas
!