Insécurité : sale temps pour
les pauvres !
Le Conseil intérieur de Sécurité,
créée par la gauche plurielle, s’est réuni comme d’habitude
le lundi 6 décembre dernier. Et comme il se doit le « tout
sécuritaire » a fait quelques progrès à cette
occasion. Sur le plan théorique, Jospin, en grande forme, a révélé
que « la sécurité est un droit, l’insécurité
est une inégalité sociale ». Chacun aura saisi toute
l’importance de cette avancée dans la lutte contre les inégalités.
Pour le paraphraser nous pourrions affirmer que le gouvernement développe
la misère sociale pour faire progresser le droit à la sécurité.
Plus pourri que ça tu meurs !
Bien entendu les décisions qui
découlent de ce conseil sont toutes axées sur la répression
: accroissement de la présence des flics dans les 22 départements
jugés sensibles, pénalisation accrue de la délinquance
dite des mineurs, flicage plus serré dans les établissements
scolaires et bien sûre embaûche de 1000 flics de plus. Il est
clair que la gauche plurielle ne se fait aucune illusion sur l’amélioration
des conditions économiques de la vie des classes sociales défavorisées
alors que plus personne n’ignore, même chez les flics, que c’est
sur ce terrain-là que se joue toute l’affaire.
Y a-t-il meilleur aveu de la volonté
politique du pouvoir ? Son objectif réel est bel et bien la criminalisation
des classes dangereuses. Cela se fait ouvertement et sans fioriture. Dans
le même temps à Lyon, 800 acteurs de l’encadrement social
se réunissent pour comparer les performances de leurs initiatives
citoyennes dans leurs villes respectives. Les propos tenus sont du genre
à écœurer tout individu quelque peu lucide sur les réalités
sociales.
Y a-t-il un quelque chose à attendre
du greffage de quelques familles pauvres et immigrées en plein cœur
d’un quartier de classes moyennes sous prétexte d’une mixité
sociale de merde? À part l’encerclement, la pression quotidienne
et les sourires de mise, qu’est-ce qui va changer réellement ? Rien.
Il s’agit de temporiser, de créer l’illusion et de fabriquer un
discours légitimant le maintien au pouvoir de la gauche… En attendant
la prochaine flambée de violence urbaine. Mais ça c’est pour
plus tard et la gauche plurielle verra bien à trouver la parade
en temps utile. Il y a toujours quelques vauriens perdus d’avance à
qui faire porter le chapeau. Heureusement, cette réunion avec ministre
en tête d’affiche a été largement ridiculisée
par des militants du MIB (mouvement Immigration Banlieues) qui ont rappelé
que trente ans de politique urbaine n’a jamais changé un iota pour
les populations immigrées et précarisées.
Bien au contraire, la désespérance
s’accroît au prorata du nombre de RMIstes et des fins de droits.
Que peut-il rester d’autres que la communauté de survie liée
à l’identité des situations ? Quelle autre expression que
la violence quand toutes les portes se ferment ? Combien de fois faudra-t-il
rappeler que l’agressivité fonctionne comme ultime moyen d’affirmer
sa dignité d’être humain par l’absurde ? Quant à la
violence institutionnelle, qui est à l’origine de cette guérilla
urbaine, elle sait répondre elle aussi par les armes. En témoigne
le nombre de suicides en prison qui commence à poser des questions
sur les conditions mêmes d’exécution de cette forme ultime
de révolte. Sans parler des bavures policières qui régulièrement
sont couvertes à demi mots par la loi.
La justice sociale n’est vraiment pas
dans l’air du temps. Et il fait un sale temps pour les pauvres.
Bernard. — groupe Déjacque (Lyon)