Énergies renouvelables
Dépassons la problématique écolo
Le projet d’installation d’une centrale
éolienne de 10,5 MW (1MW = 1000 kW) sur la commune de Lirac (Gard)
pourrait apporter du baume au cœur à tous ceux, dont nous sommes,
qui militent depuis longtemps pour l’abandon de la filière nucléaire
au profit des énergies renouvelables. Le projet « Eole 2005
» dans lequel s’inscrit cette réalisation a pour objectif
d’installer sur le territoire national une puissance éolienne comprise
au total entre 250 et 500 MW. Cette puissance installée compte tenu
de la variabilité du vent disponible, du rendement inhérent
aux machines éoliennes, etc. ne fournira finalement au réseau
que 30 % de sa capacité nominale soit 75 à 150 MW.
Cela ramène à peu de chose
cette production en comparaison de celle fournie par le parc nucléaire
d’a peu près 56 000 MW et ne correspond donc en rien à un
infléchissement de la politique énergétique du pays.
La présence des Verts au gouvernement n’empêche pas le lobby
nucléaire de toujours bien tenir la barre… Pourtant ne boudons pas
notre plaisir. Ces « fermes éoliennes », écologiques
et de taille modeste leur permettant de bien s’intégrer dans leur
environnement, présentent en tant qu’outils collectifs de production
d’énergie quelques caractéristiques bien en adéquation
avec notre projet d’une société libertaire et autogestionnaire,
une société aux antipodes de la sociéte que nous façonne
de son côté l’énergie nucléaire.
Pourquoi nous sommes antinucléaires
Les critiques formulées à l’encontre
de l’énergie nucléaire se situent sur différents plans
: les dangers immédiats encourus par les populations, les déchets
produits entassés et laissés aux bons soins des générations
futures, l’impact écologique, les lignes haute tension… toutes bonnes
raisons que nous partageons avec les antinucléaires écologistes.
Par contre les anarchistes refusent aussi le nucléaire pour des
raisons plus spécifiques.
D’abord parce que nous sommes antimilitaristes
nous dénonçons cette industrie qui est tout à la fois
fille et nourrice du nucléaire militaire. Et puis sur un plan plus
politique nous relevons l’impossibilité pratique pour les populations
d’intervenir sérieusement sur la gestion d’installations aussi dangereuses
et aussi sophistiquées que sont les centrales nucléaires.
La parole des « spécialistes » y est difficile à
contredire et ces grosses machines portent donc en elles les tares d’une
gestion fatalement inégalitaire et autoritaire.

A contrario et pour revenir à nos chers
moulins à vent, quelques connaissances en sciences physiques et
un peu de bon sens suffisent pour que tout un chacun puisse donner, dans
le cadre de décisions collectives prises dans les communes
accueillant ces installations, un avis pertinent sur les questions de leur
installation, de leur exploitation, ou de leur maintenance. À une
logique centralisatrice de l’énergie nucléaire s’opposerait
donc une logique autogestionnaire de l’énergie éolienne ?
Au regard d’une centrale nucléaire
les quantités d’électricité produites par des éoliennes
sont certe faibles. Les cinq machines de 600 kW chacune (pale de 45 m de
diamètre sur un mat de 50 m) visibles depuis l’autoroute A7 au sud
de Montélimar un ralentissement sérieux de la circulation
automobile y a d’ailleurs été constaté (par contre
rien à signaler de tel un peu plus bas au niveau des centrales nucleaires
du Tricastin !) permettent l’approvisionnement en électricité,
hors chauffage, de 10 000 personnes (consommation de 2 kWh par jour et
par personne selon le ratio en cours chez EDF).
Mais si la dispersion géopraphique
et la multiplication des centrales est à l’évidence impossible
avec le nucléaire, c’est au contraire pour l’énergie éolienne
(et c’est valable aussi pour toutes les énergies renouvelables)
du fait de la dispersion de la ressource une obligation « naturelle
».
Loin d’être un handicap, l’exploitation
privilegiée d’une source d’énergie renouvelable dont la caractéristique
principale est d’être répartie naturellement de façon
plutôt égalitaire sur l’espace géographique (une région
est peut- être plus favorable à l’éolien, une autre
au solaire, une autre encore à la biomasse…) peut favoriser l’émergence
d’une société dont les membres auront un égal accès
aux bienfaits qu’elle procure : travail physique diminué, déplacements
facilités, habitat tempéré… qui conditionnent en grande
partie la qualité de notre existence.
Nécessité d’une démarche
autogestionnaire
Alors que l’énergie nucléaire
telle que nous la connaissons aujourd’hui ne pourra jamais trouver sa place
dans une société véritablement autogestionnaire, les
énergies renouvelables bien qu’elles en offrent des conditions matérielles
plus favorables n’accoucheront pas nécessairement toute l’histoire
de l’humanité peut en attester d’ailleurs, l’exploitation de ces
énergies étant loin d’être une nouveauté
d’une société de liberté dans l’égalité
et la solidarité.
Car cette société pour l’avènement
de laquelle nous travaillons relève bien de choix politiques nouveaux
mais pas de solutions élaborées par les pouvoirs en place
assurant la permanence de l’exploitation et l’oppression du plus grand
nombre au profit de quelques uns.
On le voit, les avis que l’on peut porter
sur l’utilisation d’une énergie, fut-elle propre, dépassent
de loin la simple problématique écologique, et plus géneralement
nous saurons raison garder face aux propositions technologiques (biotechnologies,
génie génétique…) que veulent mettre si généreusement
au service de notre bonheur les scientifiques et technocrates de tous poil.
Bref ni plus ni moins que d’adopter une position critique, vigilante et
citoyenne, au bon sens du terme…
groupe du Gard