éditorial

Après avoir commémoré tout ce qui était possible pour la fin du siècle et du millénaire de notre calendrier, voilà que résonnent les trompettes nous appelant à fêter le jubilé de l’Église catholique romaine. Celle-ci se pose comme rempart devant toutes les « déviances » religieuses possibles, et tente de nous présenter un visage de tolérance et de bonté.


Fi de tout cela ! Saurions-nous oublier 2000 ans d’exploitation où l’Église a toujours tenu la main aux dirigeants dans l’alliance bénie du sabre et du goupillon, comment elle a fait taire par la force tous ceux qui s’élevaient contre elle ? Oublierions-nous l’inquisition, l’évangélisation forcée des Indiens, le rôle trouble de l’Église durant la Seconde guerre mondiale et, encore aujourd’hui, sa volonté de contrôler encore et toujours notre vie affective et sexuelle ?


Certes, elle se doit de montrer bonne figure car la concurrence est rude et, comme toute bonne entreprise, il lui faut se maintenir au top devant les autres sectes en tous genres qui pullulent. Au passage, elle tente de camoufler le sang qui dégouline de ses mains par quelques excuses vaseuses (voir notre Hors série n°13) et de réaffirmer sa place dans la société. Comme toute bonne entreprise qui veut se développer, elle a des alliés sûrs dans les différentes instances décisionnelles afin d’assurer le relais de la parole divine. Comme toute bonne entreprise, l’Église utilise les pauvres pour servir les riches : son représentant de commerce en chef trimbale sa carcasse au quatre coins du monde pour prôner l’attente du royaume des cieux plutôt que la révolte et la colère légitime. Elle souhaite ainsi s’ouvrir à de nouveaux marchés en développant un certain œcuménisme et un côté social avec l’annulation de la dette des pays du tiers monde.


Mais comme tout patron se la jouant moral, il ne faut pas trop gratter la mince couche de vernis. Les femmes violées de l’ex-Yougoslavie et les sidéens d’Afrique portent dans leur chair l’écho de la parole papale. Si les médias veulent se faire le porte-parole d’une institution clamant la passivité et refusant aux hommes et aux femmes le droit de décider par eux-mêmes, il est clair que nous, anarchistes, nous refusons de se prêter à ce petit jeu. Et si certains pensent que le combat est d’arrière garde, c’est bien parce que, de tous temps, des hommes et des femmes ont lutté contre le pouvoir religieux et luttent encore aujourd’hui pour le reléguer dans les poubelles de l’Histoire.