Après la grève des éboueurs
grenoblois qui, après plus d’une semaine de lutte, avaient eu gain
de cause, c’est au tour des conducteurs de tram et de bus de Grenoble de
faire parler d’eux. Leurs revendications (soutenues par l’ensemble des
syndicats) portent sur les salaires (passer du coefficient 200 à
210), mais aussi sur les temps de parcours, les temps de pause et la récupération
des heures des repas. Au-delà des bas-salaires (4ème réseau
national sur le plan des performances mais classé 40ème au
niveau des salaires) et des horaires décousus, ces revendications,
si elles sont concrètement importantes pour les chauffeurs, sont
également une question de reconnaissance.
Un des faits intéressant de ce mouvement
est qu’il est suivi à 98 % par les conducteurs, y compris par les
plus jeunes d’entre eux. Alors qu’un peu partout les jeunes employés
sont souvent peu syndiqués, peu politisés et peu combatifs,
ici, ce n’est pas le cas. La grève dure donc depuis le 13 décembre,
mais lors de piquets de grève pour bloquer les dépôts
de véhicules, 35 personnes se sont retrouvées au tribunal
de grande instance : la secrétaire de direction, un « jaune
» et un huissier les ont désignés nommément,
ce qui est surréaliste puisque tous les grévistes étaient
cagoulés, justement pour éviter ces pratiques de délations.
Moralité, des personnes étant censées avoir bloqué
les dépôts sont passées au tribunal alors que plusieurs
d’entre elles étaient chez elles ou bien carrément ailleurs
! Inutile de préciser que ce genre de pratiques n’ont fait que consolider
la solidarité entre grévistes et renforcer leur détermination.
Toujours dans la même logique, la
direction a trouvé « normal » qu’un non-gréviste
soit armé. En effet, un non-gréviste armé d’un revolver-lacrymo
et d’un couteau a agressé des grévistes, heureusement sans
faire de victimes. Depuis, le blocage a été levé,
mais contrairement à ce que la direction espérait, la grève
est toujours autant suivie (occupation des locaux des dépôts).
L’équipe de direction prétend négocier alors que les
rencontres sont restées stériles jusqu’à l’heure actuelle
: les Transports de l’Agglomération Grenobloise, contrairement à
l’image véhiculée par les pubs (image « jeune »),
reste une entreprise semi-privée censée être un service
public alors que sa direction est rétrograde, répressive
et autoritaire. Les grévistes se sont donc vus, par médias
interposés, traités de fainéants par la direction
: il est clair que ce style de déclaration attise les rancoeurs
et la détermination des chauffeurs en lutte.
Si des questions comme l’autogestion ou
la gratuité des transports sont encore loin d’être à
l’ordre du jour, nous pouvons au moins espérer que cette grève
aura une issue favorable pour les chauffeurs. Au-delà de cet aspect,
on peut également espérer que cette grève n’est que
le début d’un mouvement plus profond : alors que les pompiers, les
éboueurs et énormément d’entreprises ont montré
le chemin de la lutte, il serait temps de voir enfin converger ces luttes
en une grève générale. Cette affaire reste donc à
suivre…