Aides-éducateurs
Ne soyons plus des larbins !
A partir de fin octobre 1997, l’Education
nationale recrute des aide-éducateurs. Ou plutôt, elle fait
recruter par les principaux de collèges ces contrats de type emploi-jeunes.
En effet, les aide-éducateurs ont un contrat de droit privé
passé avec le chef de l’établissement dont ils dépendent
(ceux qui travaillent dans des écoles primaires dépendent
du collège de leur secteur). Il s’agit de contrats à durée
déterminée de droit privé de 5 ans. La durée
du travail est annualisée, 1575 heures. Sur cette durée s’impute
le temps consacré à la formation (200 heures par an en moyenne).
Le salaire est le SMIC sans espoir d’augmentation, ni de possibilité
de promotion.
A ce jour, plus de 60.000 aide-éducateurs
sont au service de l’Education nationale. Ce « succès »
illustre bien le mouvement général de précarisation
des emplois : à chaque fois que des moyens supplémentaires
sont demandés, le ministère propose des emplois-jeunes. On
préfère des personnels précaires, flexibles (nos patrons
préfèrent le terme « polyvalent »), aux droits
indécis et obscurs plutôt que des agents relevant d’un statut
(surveillants, maîtres auxiliaires, personnel ATOS, etc.).
Du servage dans l’Education nationale
En théorie, le recrutement doit correspondre
à un métier véritable correspondant à des «
besoins nouveaux ou non encore satisfaits ». Mais ce principe de
non-substitution d’emploi existant est rarement respecté. Les aides-éducateurs
sont souvent affectés comme surveillants supplémentaires,
peuvent remplacer professeurs des écoles, profs de collège
ou lycée, documentaliste (en dehors de la présence de celui-ci
au CDI), des secrétaires, des personnels ATOS (standard, travaux
divers, etc.), assurer l’UNSS (sport du mercredi après-midi), etc.
Autre conséquence de ce statut,
l’autoritarisme des chefs d’établissement. On leur a donné
une fonction de patron et un grand nombre se sont parfaitement adaptés
à leur rôle, relayés par une cohorte de petits chefs
(certains Conseillers principaux d’éducations (responsables de la
Vie scolaire), profs, etc.). Les pressions afin d’assurer la flexibilité
et la docilité sont multiples : chantage à l’emploi du temps,
menace (les contrats sont renouvelables chaque année), mensonges
(certains ont affirmé que les aides-éducateurs ne pouvaient
se syndiquer, sûrement des frustrés du MEDEF…), rétention
d’information (sur les modifications du statut, parfois favorables aux
aide-éducateurs ; disparition de courrier syndical), non-autorisation
à se rendre à des stages de formation syndicale, etc. La
plupart des arguments des chefs d’établissement s’appuie sur le
statut de droit privé qu’ils amalgament au droit féodal.
Malheureusement un bon nombre d’aide-éducateurs ne fait pas les
démarches pour s’informer, par inexpérience de la lutte syndicale
et l’absence de solidarité entre les différentes catégories
de personnels.
Autre sujet d’insatisfaction, la formation.
Comme il a été clairement dit et répété,
nous ne devons pas compter entrer dans l’Education nationale à la
fin de notre contrat (contrairement aux adjoints de sécurité,
aux emploi-jeunes de la police, mais on a toujours besoin de flics…). Pour
pallier à cela, un dispositif de formation est officiellement mis
en place avec l’objectif avoué qu’un emploi soit trouvé avant
la fin du contrat. Pour la plupart cela signifie une inscription au CNED.
Pour les rares chanceux qui ont accès à une meilleure formation,
les problèmes apparaissent bien vite. Ainsi des camarades étant
inscrits en formation d’éducateur spécialisé ont reçu
l’ordre de faire tous leurs stages au sein de leur établissement
alors que dans le cadre normal ces stages ont lieu dans les quartiers,
dans les conditions d’exercice des éduc’spé (qui ne travaillent
pas en collège…).
Seule la lutte paie
Il existe de nombreux autres problèmes
: respect du temps de travail (il arrive que le maximum de 39 h soit dépassé),
respect du temps de pause repas (que les chefs d’établissement ne
compte pas toujours dans le temps de travail), etc.
Lors des AG, les insatisfactions, les
frustrations et les pressions ont engendré la colère. Car
malgré ce bilan plutôt noir, nous avons en général
le sentiment d’être utile et appréciés par les élèves
car nous refusons pour la plupart de jouer le rôle de flics pour
lequel on nous a embauchés.Les revendications portées sont
nombreuses. Bien évidemment, elles concernent en priorité
le respects des droits (horaires, non-substitution, formation, etc.) ce
qui n’est pas une évidence pour tous…
Dans l’immédiat, passage à un
statut de droit public, puis création d’emplois stables (secrétaire
de CDI, animateurs de foyer socio-éducatif, etc.). Une véritable
priorité à la formation avec aménagement des horaires
en conséquence. Respect des droits syndicaux. L’accès aux
concours internes. Bénéfice de la prime ZEP. Comme d’habitude,
l’avancée ne se fera qu’avec une mobilisation des aides-éducateurs.
Dans l’Académie d’Aix-Marseille, lors des deux dernières
AG, une grève a été décidée pour janvier.
Stéphan, aide-éducateur
en collège — Snes, F.A. Marseille