La loi du fric tue et pollue

Faisons payer les patrons


Certaines catastrophes ne doivent rien à la fatalité météorologique, c’est le cas lorsqu’un rafiot affrété par un sous-traitant de la très puissante Totalfina industrie se brise avant la tempête.
 

Des catastrophes pas très naturelles

Ce qui est surprenant c’est que ce bidonville sur mer ait réussi à flotter aussi longtemps, vu les conditions de travail lamentables des marins et la précarité de leur embarcation. Les entreprises de transport maritime pressées par les géants pétroliers à toujours plus de rentabilité, se livrent une concurrence sans merci dont nous faisons les frais.

Cette situation n’a rien d’exceptionnel puisqu’il n’a pas fallu attendre une semaine pour qu’une autre épave flottante vomisse son mazout au large de la Turquie. Et c’est au quotidien que l’usage des hydrocarbures pollue l’environnement alors que les firmes pétrolières bloquent toute perspective de développement des énergies non polluantes. Ces pollutions sont à l’origine de l’effet de serre dont certains scientifiques pensent qu’il peut provoquer y compris de certains phénomènes météorologiques, comme les ouragans, les inondations ou encore les tempêtes hors norme que l’on vient de subir.

Les représentants de l’État qui se targuent de vouloir faire payer les pollueurs sont les complices et les vassaux de multinationales dont les budgets sont souvent supérieurs aux leurs. Il ne faut pas oublier que les États ont participé et participent encore au démantèlement de leur marine marchande au profit de pavillons de complaisance souvent rouillés jusqu’à la quille avec des équipages d’esclaves naviguant à moindre coût.
 

Les populations paient la note

N’attendons pas de dirigeants sans scrupule, déjà connus pour leur soutien à la dictature birmane et à plusieurs dictatures africaines d’assumer spontanément le coût social de leur politique Le PDG de Totalfina, Thierry Desmarets a pourtant essayé de nous faire croire que son groupe assumerait le coût des dégâts. Mais depuis sa déclaration du 26 décembre, le vent a tourné et il appartiendra désormais « à l’armateur et à ses assureurs d’indemniser les victimes. Au-delà du montant conventionnel auquel l’armateur est tenu, c’est le Fipol (fond financé par les compagnies pétrolières) qui prendra le relais ». En clair Total refile le bébé au sous-traitant et à la généreuse solidarité patronale ! Pratique non ? Le seul engagement pris par Total, c’est de récupérer le pétrole qui reste dans les cales de l’Erika, vu que ça doit représenter beaucoup de fric. Pas question non plus pour eux de nettoyer leur merde sur les plages, les habitants des régions touchées par la marée noire l’ont bien compris et ont déjà retroussé leurs manches et commencé le travail avec pelle et seau, seuls outils efficaces qu’ait mis au point à ce jour, la technologie.

L’appel au bénévolat et à la solidarité n’est ici qu’un un autre moyen de faire des économies sur notre dos. Pendant ce temps, Les profits en bourse de Total à peine ralentis par la marée noire continuent d’aller dans la poche des actionnaires peu sensible à une pollution qui n’atteindra, pas leurs stations de ski préférées. Ils n’ont de toute façon aucun souci à se faire puisque le temps joue pour eux. En effet, les populations des régions touchées par la marée noire devront se démener pour que les plages soient fréquentables cet été et éviter ainsi un nouveau sinistre économique.


Et une fois le boulot terminé, les remboursements se feront au compte-gouttes et pourront traîner en longueur comme pour l’Amoco Cadiz. Quant à ceux qui gardaient l’espoir d’une réaction des écologistes au gouvernement, ils ont dû se contenter du « relativisme », à la Voynet qu’elle applique aussi au stockage des déchets nucléaires, un fauteuil ministériel vaut bien quelques reniements.
C’est ça le libéralisme Total et aveugle, qu’on veut nous imposer dans toutes activités humaines. Ce système engendre de par le monde la misère pour l’homme et son environnement. Il ne faut compter ni sur les États ni sur les entreprises capitalistes pour changer quoi que ce soit à la logique du profit. Desmarets contrairement à ce que disent certains est très compétent car son seul objectif est de noyer le poisson à moindres frais. Ceux qui ont commencé à se mobiliser pour faire payer les pollueurs ont bien compris que nous n’auront que ce que nous arracherons de leurs poches.


Encore qu’avec leur manie de mettre un prix sur tout ils veulent nous faire oublier que les dégâts commis par le capitalisme sont irréparables. L’environnement n’a pas de prix, ce qui gène la machine à faire du fric. La raréfaction des ressources naturelles, espèrent les profiteurs, doit permettre de créer de nouveaux marchés, où l’on pourra vendre ce qui était auparavant gratuit et accessible à tous. Ne nous laissons pas exproprier au nom de la logique du fric, de ces biens naturels qui sont et resteront indispensables à l’existence à humaine.

André. — groupe René Lochu (Vannes)

Jean. — groupe Kronstadt