éditorial
La gestion paritaire des organismes qui s’occupent
des retraites, de la sécurité sociale et des caisses du chômage
a du plomb dans l’aile. Les patrons aimeraient bien se partager ce gâteau
de 2200 milliards qui leur échappe en partie. Ils attaquent donc
sur tous les fronts, en fustigeant le trou de la sécurité
sociale, en jouant les prophètes de mauvais augure sur l’avenir
des retraites aidés en cela par l’action gouvernementale. Avec notamment
le rapport Charpin qui préconise 42,5 ans de cotisation se basant
sur une analyse économique et démographique plus que contestable.
Quand on veut tuer son chien, c’est bien connu, on dit qu’il a la rage.
Tout l’arsenal idéologique déployé pour aboutir a
une gestion libérale de la protection sociale ne semble pas suffire
pour convaincre les salariés de confier leur retraites aux aléas
de la bourse, et la sécurité sociale à des compagnies
d’assurance.
Le rapport de l’IGAS (inspection générale
des affaires sociales) qui pointe les dérives de la gestion du CRI
(caisse de retraite interentreprises) tombe à pic pour en rajouter
une couche contre le système de retraite par répartition.
En effet les cotisants auront sans doute à cœur d’éradiquer
la corruption dont ils font les frais au profit des patrons et de permanents
syndicaux qui se sont payés grassement sur leur dos, alors même
qu’ils voyaient certaines de leurs prestations diminuer.
Le terrain est donc prêt pour le
MEDEF qui le 18 janvier prochain pourrait annoncer la fin de sa participation
à la gestion paritaire. Mais ne nous y trompons pas, lorsque Ernest-Antoine
Seillere s’attaque à « l’étatisation de la protection
sociale » et à « la nationalisation du dialogue sociale
», il veut surtout éviter que l’État vienne jouer les
empêcheurs de profiter en rond. Surtout il remarque que l’État
emploie un quart des effectifs salariés qui cumulent les trois quarts
des conflits sociaux. Ce n’est donc pas l’État que veulent abolir
les libéraux du Medef mais les mouvements sociaux.
Les anarchistes savaient déjà
qu’on ne peut pas faire confiance aux directions syndicales bureaucratiques
qui ont montré à maintes reprises qu’elles étaient
prêtes à s’entendre avec les patrons pour conserver leur pouvoir
au détriment des salariés. Le développement du petit
actionnariat que l’on présente comme incontournable n’est pas non
plus fait pour nous rassurer puisque particulièrement inégalitaire.
Reste aux salariés à se réapproprier la gestion solidaire
des fonds sociaux, seule garantie pour eux face aux prédateurs de
toute catégorie.