Luttes des chômeurs à Marseille
La mobilisation a payé !
Cet hiver encore, le mouvement des
chômeurs s’efforce de regrouper la colère de l’ensemble des
personnes en situation de précarité (dont des salariés),
et ce en vue d’obtenir deux revendications principales :
• Une prime immédiate et renouvelable
automatiquement de 3000 F par personne.
• L’instauration d’un revenu garanti pour
tous, avec ou sans emploi, au moins égal au SMIC.
Sur Marseille, cette lutte engagée
dès novembre, a déjà permis d’aboutir à des
résultats qui, bien qu’insuffisants, ne sont pas à déconsidérer.
Rappel des faits
Le 3 novembre, une centaine de personnes se
rassemble devant le centre des impôts pour une demande collective
d’exonération de la taxe d’habitation mais aussi pour informer les
personnes présentes du commencement de la « bataille »
pour la prime de Noël.
Après les collages, distribution
de tracts et autres émissions de radio, le 16 novembre, 15 000 personnes
manifestent de la Canebière à la préfecture ! Les
chômeurs s’approprient rapidement cette lutte, qui devient pour eux
une habitude, et la mayonnaise (l’aïoli) prend bien. Simultanément,
de nombreux rassemblements se développent partout en France contribuant
à créer une tension.
Pour y couper court, Martine Aubry annonce
qu’une aide gouvernementale sera accordée sans indication de date
et de montant. L’effet d’annonce nous coupe l’herbe sous le pied mais,
le 30 novembre, plus de 5 000 personnes persistent à demander un
engagement plus ferme et surtout conforme aux revendications. La préfecture
propose d’organiser une table ronde pour le 8 décembre, censée
organiser et coordonner les choses, à laquelle doivent être
présentes toutes les institutions susceptibles de payer cette prime.
Tous acceptent (CAF, Conseil général, régional et
l’État) exceptée l’ASSEDIC, elle qui est justement chargée
de verser les allocations aux chômeurs et qui s’apprête, comme
il y a deux ans, à annoncer un excédent de plusieurs dizaines
de milliards !
Voilà pourquoi le 6 décembre,
nous bloquions un directeur d’hôpital privé, membre de la
commission paritaire (au titre de l’Union patronale) afin d’exiger que
l’ASSEDIC participe à la table ronde et au paiement de la prime.
Nous n’obtiendrons qu’un rendez-vous avec son supérieur hiérarchique
à l’UP, lui aussi… « commissaire ». Il restera campé
sur ses positions rigides. Quoi qu’il en soit, le jour de la table ronde,
c’est à nouveau 4 000 à 5000 personnes qui sont là.
Le Conseil général annonce une rallonge de 750 F par personne.
Plus tard, après la manif nationale à Paris, le 11 décembre,
que les partis politiques ont d’ailleurs tentés de récupérer,
le Conseil régional annoncera une aide de 200 millions destinée
aux jeunes (une première). Le point positif est que, sur Marseille,
la mobilisation a été (malheureusement, pourrait-on dire)
plus importante qu’ailleurs et que la rallonge de 750 F votée uniquement
par les Bouches-du-Rhône, pour inacceptable et injuste qu’elle est,
confirme bien que seule la mobilisation massive paie.
Pour un mouvement de masse
Cette lutte pour la prime de Noël est
porteuse de nombreux points positifs. Elle permet d’une part d’établir
un premier contact mais aussi de faire descendre, parfois pour la première
fois, beaucoup de chômeurs dans la rue. Les résultats directs
(aussi petits soient-ils), redonnent sans doute confiance à des
existences anémiées par la précarité mais aussi,
parfois, trahies par les grosses centrales syndicales, destructrices de
la lutte collective par le découragement qu’elle transmettent.
Les « victoires » que nous
remportons amènent les chômeurs dans nos permanences ou réunions,
ils en parlent à leur entourage et, avec nous, ils prennent part
aux discussions, décisions (prises au consensus) ainsi qu’aux délégations
lorsqu’ils le souhaitent.
D’autre part, au-delà de l’actualité
s’est engagé un débat permanent, ouvert à ceux qui
le souhaitent, concernant l’organisation même de cette lutte des
chômeurs, notamment ses formes d’action et sa capacité à
mobiliser, mais aussi sa place et son rôle dans l’ensemble des luttes
visant à obtenir un véritable partage des richesses.
Nous souhaitons participer à l’organisation
d’un mouvement croissant de révolte, un mouvement de masse. Sous
la forme de syndicat de chômeurs ou de « vague déferlante
», les avis divergent et il est probable que ce sont les chômeurs
eux-mêmes, et non les associations (plus ou moins représentatives),
qui par un biais ou un autre trancheront dans l’avenir la question. Sur
cette question de représentativité, les choses doivent là
aussi changer. Encore faut il être en mesure de se fédérer,
ce qui soulève d’autres problèmes…
David B (AC ! Marseille)