46 syndicalistes jugés au pénal

Renault veut casser son dernier bastion CGT


Le vendredi 7 janvier débutait, au tribunal de grande instance du Mans (Sarthe), le procès de 46 syndicalistes CGT (sauf un, CFDT) de l’usine Renault du Mans. Accusés d’avoir séquestré deux cadres dirigeants pendant 9 heures, ils risquent jusqu’à cinq ans de prison et 50 000 francs d’amende.

Mobilisation contre un licenciement

Tout commence le 22 novembre dernier par le licenciement d’un salarié de 51 ans (30 ans de boîte), pour le motif d’absences répétées. Celles-ci correspondant à des périodes de cure de désintoxication alcoolique, ses collègues sont révoltés et leur réaction est rapide.
Dès le lendemain matin, ils sont 80 à débrayer et à occuper la salle où le Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail est en réunion. La mobilisation s’amplifie puisqu’ils seront entre 100 et 300 à se relayer pour exiger que la direction reconsidère le licenciement, notamment par le fait que leur collègue avait eu des postes durs pendant des années, ce qui avait favorisé la prise d’alcool « pour tenir ». Les deux cadres que les salariés ont en face d’eux, ayant reçu la consigne de ne pas céder, leur disent que la décision est irrévocable.
 

Offensive patronale

Vers 18 heures, un huissier et quelques autres cadres de l’entreprise viennent dans la salle afin d’établir un constat. Les noms d’une partie des salariés présents sont relevés. Le lendemain, lors d’une réunion du comité d’établissement, le directeur monte au créneau et parle de séquestration, passible de correctionnelle, perpétrée par des « bandits », des « voyous » et des « terroristes »… rien que ça ! Les deux cadres portent plainte, alors même que cette occupation faisait partie des plus calmes pratiquées par les salariés : aucune violence physique ou matérielle ne peut leur être reprochée.


Par l’intermédiaire de son avocat, Renault fait savoir que l’entreprise en fait une question de principe car « il n’y a plus qu’à l’usine du Mans où se passe ce genre d’actions ». Le tribunal a renvoyé le débat sur le fond au 10 mars.  Entre temps, gageons que la mobilisation ne faiblira pas car, au-delà de ce coup de force face à une réaction de solidarité ouvrière, c’est à la flexibilité et à l’alignement sur le modèle ultra productiviste de l’usine Renault de Douai que la direction veut arriver.

Martial — groupe Kronstadt (Lyon)