Vennissieux : l’impasse sécuritaire


Les habitants des Minguettes, Vénissieux, viennent de recevoir une nouvelle punition. Les salariés et les lycéens qui doivent se déplacer quotidiennement hors du quartier, sont contraints de rejoindre le réseau des TCL (Transports en commun lyonnais) à pied, jusqu’au commissariat de Police : la « frontière », où ils ont à nouveau accès aux transports collectifs. Les chauffeurs de bus ont voulu réagir ainsi à la suite d’événements, qui comme l’année dernière durant la célébration de l’aïd ont vu des jeunes du quartier attaquer des bus à coups de pierre. Deux chauffeurs ont été blessés, ce qui a provoqué la colère légitime de leurs collègues et le refus de desservir la zone des Minguettes.

On peut regretter une action syndicale qui ne revendique que plus de sécurité, oubliant des exigences qui auraient le mérite d’avancer solidairement avec les populations concernées vers une résolution du fond du problème. Les chauffeurs ne seraient plus victimes de braquages si les transports étaient gratuits. Et surtout quel soulagement ce serait pour les plus démunis qui doivent payer les transports en commun les plus chers de France. On ose s’interroger dans les médias sur les raisons de leur colère alors qu’ils sont de plus en plus victimes de sociétés de recouvrement impitoyables, au service des TCL. On sait faire payer les pauvres quand il le faut, ce qui n’empêche pas d’investir en bourse avec le fric des amendes et d’engager des fonds dans les campagnes anti-fraudeurs ou pour rémunérer de nouveaux contrôleurs. La population risque de se trouver un peu plus stigmatisée par sa mise en quarantaine et cela rajoutera à son désarrois et à sa colère. En effet, on avait déjà montré du doigt Vénissieux lors de l’incendie d’une voiture au G.P.L. dans lequel un pompier avait perdu une jambe. Ces derniers mois il y a eu des attaques successives contre le bureau de poste local, contre des médecins et des pharmaciens (raquettées), des écoles (saccagées), et des voitures (brûlées).

Face à cette situation, le maire communiste André Gerin s’était jusqu’à aujourd’hui cantonné au développement de la police municipale et à la construction de parkings privés. Vu l’urgence de la situation et des élections il est aujourd’hui sur la brèche et cherche à surfer sur le mécontentement. Les services publics mobilisés cette semaine lors d’un rassemblement le 19 et de grèves dans les écoles le 20, pour une fois unis, le seront pour faire le jeu du gouvernement en matière de police de proximité. Il devrait s’agir pour eux et pour la population de participer à un cadrage au plus près du quartier pour juguler une violence dont on semble vouloir oublier qu’elle provient de la misère économique et sociale.

Jean. — groupe Kronstatd (Lyon)