Répression contre un antifasciste
Le 14 février 1998 avait lieu à
Reims une manifestation contre la venue de Bruno Mégret du Front
national. À l’issue de cette manifestation, une soixantaine de personnes
est restée durant trois heures à proximité de la salle
Goulin, où se tenait le meeting du n°2 du F.N. Ce rassemblement
se voulait pacifique et faisait face à environ 250 gendarmes mobiles.
Or, vers 22h30, au moment où les premiers militants du F.N. quittaient
la salle, les passagers d’une voiture non identifiée ont pris violemment
à parti des manifestants isolés ; Jean-Noël a été
nommément menacé, une autre manifestante matraquée.
Devant l’arrivée d’autres personnes, ceux ci ont pris la fuite,
tout en tentant, à deux reprises d’écraser les personnes
qui se trouvaient face à eux.
Le 6 mars 1998, Jean-Noël s’est retrouvé
convoqué par la police pour « affaire vous concernant ».
Il a passé 24 heures en garde à vue et ceux parmi nous qui
l’avaient accompagné ont été virés du commissariat
avec menaces de la part du commissaire principal de Reims. Il s’est vu
mettre en examen pour « dégradation volontaire de véhicule
de police ». C’est ainsi que nous avons compris que l’altercation
du 14 février 98 s’était produite contre des officiers des
renseignements généraux et non des membres du F.N. comme
nous l’avions pensé au départ.
Juin 1998 : Dans son ordonnance de jugement,
le juge Creton par ailleurs juge d’instruction, indique : « Il est
à noter qu’à aucun moment, les occupants du véhicule
n’ont informé les manifestants de leur qualité de policier
»…; « Sur le fond : Attendu qu’il ressort des pièces
de la procédure, et des débats, que seuls les lieutenants
Rosso et Messien, qui ont eu un comportement pour le moins incompréhensible
[…] en conséquence il existe un doute sérieux quant à
l’auteur des faits objet de la procédure qu’en conséquence
Jean-Noël Destrehem doit être relaxé et les parties civiles
déboutées de fait de leurs demandes, fins et conclusions
»…
Le juge Creton remarquera également
les contradictions dans les dépositions des deux lieutenants et
de la stagiaire des RG. Au cours de l’audience de jugement le substitut
du procureur de la république s’en était remis au juge Creton
en ne demandant pas de peine ! L’avocat des lieutenants des RG qui plaida
en l’absence de ses clients fut consternant dans son silence ! En coulisse,
à l’issue du procès, le substitut Auger indiquait que pour
ce qui le concernait, il ne ferait point appel pour les deux RG. Il s’étonnait
également de leur absence ! C’est le procureur en chef Dintroz qui
suivra l’appel formulé par les RG, en l’absence du substitut, mais,
dit-on, le parquet est indivisible.
3 mars 1999 : les flics mécontents
du résultat font donc appel, près de 80 personnes se rassemblent
pour soutenir Jean-Noël. le réquisitoire du procureur sera
impitoyable, le juge a déjà un avis sur le dossier puisque
sa femme est commissaire de police à Nancy.
31 mars 99 : Verdict pour Jean-Noêl
- 3 mois ferme + 5 mois avec sursis - 30 000 F de frais (amendes, parties
civiles, réparations) - 3 ans de mise à l’épreuve
- 1 an de suspension des droits civiques, civils et familiaux. Jean Noël
étant prévenu libre (il avait été relaxé
en première instance), il n’a pas été emprisonné.
Il se pourvoit en cassation.
Décembre 1999 : Alors que les dossiers
présentés devant la Cour de cassation mettent en général
au minimum 1 an avant d’être examinés, Jean-Noël apprend
quelques jours avant l’audience que son recours sera examiné en
décembre. En une dizaine de minutes, l’affaire est réglée.
Quelques jours après, il apprendra que son recours est rejeté.
Jean-Noël attend maintenant les décisions que vont prendre
le procureur de la Cour d’appel de Reims et le juge d’application des peines.
Il a décidé de porter l’affaire devant la Cour européenne.
Cette condamnation très lourde n’est
pas la première ni hélas la dernière dans ce genre
d’affaire opposant la police à des militants. Face à cette
condamnation, ce dénis de justice, nous appelons toutes celles et
tous ceux à montrer leur ferme opposition à ce genre de pratique
de l’État par les moyens qui sont à leur disposition (presse,
fax, médias, Internet) et à soutenir Jean Noël.
Organisation Communiste Libertaire c/o Egrégore
BP 1213, 51058 Reims Cedex.
e-mail : lechatnoir@post.club-intemet.fr