Marée noire : les sans-papiers solidaires
Les sans-papiers de la Maison des Ensembles
étaient à Belle-Ile depuis le vendredi 14, les mains dans
la mélasse collante de l’Erika. Le lundi, Chevènement venait
asséner aux Bellilois aux premières loges d’une calamité
programmée : de la méthode, encore de la méthode toujours
de la méthode (sic). Ces deux faits relevaient de la pure coïncidence.
N’empêche… Suivis par les R.G. depuis Paris, relayés par la
gendarmerie à Quiberon et Le Palais, nos amis n’ont de cesse que
de remercier cette garde rapprochée, leur évitant ainsi des
rencontres dangereuses. La municipalité de Le Palais l’a bien compris
qui a éprouvée, ce jour là, le désir de leur
faire faire le tour de l’Ile en bus, histoire d’éviter la rencontre,
au coin d’une plage, du ministre et de bénévoles sans-papiers,
ce qui aurait fait un peu désordre. Surtout que l’accueil local
de la population était chaleureuse (pour les sans-papiers !). Sans
doute ces gens n’avaient pas jugé nécessaire de vérifier
leur régularité.
Nous avons accueilli leurs deux porte-paroles
afin qu’ils puissent venir témoigner au Collectif Marée Noire
de Vannes. Leurs propos sont limpides : « Ils sont venus au même
titre que n’importe qui, bénévoles de tout poil et de tout
horizon. Ils sont dans ce pays depuis cinq, dix, quinze ans voir même
plus pour certains. Ils sont ici chez eux. Il y a un problème chez
eux, ici en France, donc ils viennent prêter main forte. C’est tout.
» Avec ou sans papiers leur volonté de solidarité est
au-delà du refus des politiques de leurs accorder ce qui est leur
droit. Le collectif « Marée noire » l’a bien compris,
pour qui cette catastrophe qui dépasse le cadre étroit de
nos frontières a besoin de tous, hors du cadre étroit de
la paperasserie.
Nos amis nous ont rassurés sur leur
volonté de mener leur combat jusqu’au bout : Régularisation
pour tous, sans exception.
La semaine prochaine, de retour à
Paris, ils continueront leur lutte, eux et les quatre cents occupants de
la Maison des Ensembles.
Quand à la marée noire,
leurs regards est le même que le notre : désabusé.
F.A. du Morbihan