Les frappés de la gâchette


Les cathos ont leur petit Jésus ; les Anglais ont leur grande reine ; et la France a ses beaux et grands chasseurs ! On a beau vouloir marquer, matraquer le temps qui passe, faire « moderne » et « nouveau millénaire », et bien non, ça ne passe pas : il y a toujours autant de chasseurs dans nos campagnes et nos proches banlieues. Et, en plus, ils font la gueule !

Les chasseurs veulent chasser avec ou sans leurs chiens, plus longtemps, la nuit comme le jour ! Ce qui est contraire aux directives européennes qui imposent à la France une restriction de ses périodes de chasse ! Exaspérés, ils viennent donc d’adresser un « ultimatum » au gouvernement et aux élus locaux afin que soient modifiés ces « diktats ». Ils menacent de « tout faire péter » et de tuer « politiquement » tous ceux qui se refuseraient à cautionner un texte sur la chasse proposé par le mouvement « Chasse pêche nature et traditions » (CNPT). La peur du coup du fusil dans le dos est telle que Jacques Chirac, en personne, devait recevoir le 26 janvier, Jean-Saint-Josse, le président du CNPT… On ne rigole pas chez les frappés de la gâchette. Ils ont beau mourir au combat ­ depuis le début de la saison, cinq personnes sont mortes au cours de parties de chasse dont quatre pendant des battues aux sangliers ­ ils ne désarment pas ! La chasse doit être ouverte plus longtemps. Ils ne veulent pas s’arrêter le 31 janvier, mais le 28 février ! Ils veulent aussi la reconnaissance de la chasse de nuit, interdite mais tolérée depuis la Révolution…

Ces amoureux de sang chaud et de viande fraîche ont la nostalgie du temps des seigneurs. Leur gros pénis sur l’épaule, ils veulent jouir… Ils se voient prédateurs universels : l’humanité réduite à une chasse gardée, faite de proies et d’hommes, des vrais. L’horreur !

Alain Dervin. — groupe Pierre-Besnard