éditorial
Combien de temps la probable alliance entre
la droite et l’extrême droite autrichienne va-t-elle « préoccuper
» les principaux États européens ? Va-t-on voir ces
vaillants démocrates organiser de toute urgence un cordon sanitaire
pour isoler politiquement et économiquement la gangrène fasciste
? Rien n’est moins sûr car il se trouve déjà des voix
pour nous rappeler que le FPO (Parti de la liberté (!)) a été
élu dans les règles de l’art et qu’il ne faut pas le faire
plus nazi qu’il n’est. Au contraire, ils proposent une stratégie
de dialogue avec Jörg Haider pour infléchir ses positions.
Parle à mon cul ma tête est malade…
La présidente française de l’Union
européenne ferme prudemment sa gueule et le grand frère américain
a plutôt apprécié les qualités du nazillon lors
de son récent séjour aux États-Unis. Chirac et quelques
autres dignitaires de son rang craignent seulement que cette grenade offensive
ne leur pète à la gueule ce qui serait du plus mauvais effet
pour 2002.
Tout anti-étatistes que nous sommes,
nous autres anarchistes n’avons rien à gagner à voir des
fachos investir un appareil d’État. Nous savons bien que cela donnerait
des moyens financiers, des leviers institutionnels, des relais politiques,
militaires, et policiers à tous les partis fascistes du continent.
Dans le même temps un conditionnement de l’opinion publique française
est en cours qui remet à l’honneur l’ordre, la sécurité,
la flicaille et la morale sous prétexte de violence jusque dans
les maternelles. La responsabilité de ce matraquage incombe à
cette gauche plurielle de merde qui espère ainsi détourner
les regards des conflits sociaux en cours dans les PTT, les hôpitaux,
chez les chauffeurs routiers, à Moulinex. Elle espère masquer
la réalité de l’application des 35 heures qui très
souvent se résument à fragiliser un peu plus les salariés
alors qu’on nous annonce un salaire moyen de 13 900 F qui échappe
à 80 % des travailleurs !
Le drame auquel nous devons faire face est
que l’extension de la pauvreté à des couches de plus en plus
larges des populations ne finissent par converger avec la réhabilitation
des discours autoritaires et de mesures à poignes. Les partis ultra-conservateurs
ne désespèrent pas de voir s’ouvrir une opportunité
politique. L’exemple autrichien les ayant décomplexé ils
auraient alors un boulevard devant eux.
En ce sens la comète FN ne pourrait
bien n’avoir été que l’avant-garde d’un ordre nouveau, soft,
mais combien plus efficace.