Compression d’effectifs dans les crèches lyonnaises

Combat efficace des parents et des employés

Barre, maire de Lyon depuis la déconfiture de Michel Noir, avait parmi ses grands desseins, en prenant ses fonctions, un credo : « maîtriser la pression fiscale de ses concitoyens ». Connu pour son manque d’humanisme, Barre ne s’endort pas sur son labeur et pond un « Plan de performance » pour les salariées des crèches municipales. Son objectif est de réduire la part que représentent les salaires des employées dans le budget de la ville. Converti de longue date au libéralisme en matière économique et au mépris pour ses administrés en matière politique, Barre veut imposer des règles de rentabilité au service public d’accueil de la petite enfance de Lyon.
 

Près de trois ans d’agitation déterminée

Depuis sa mise en application en septembre 1997, les conséquences du « Plan de performance » sont catastrophiques pour le personnel et les enfants accueillis : 20 postes sont supprimés suite à des départs en retraite et des congés parentaux, mise en adéquation de l’effectif des salariées (au jour le jour) avec l’effectif des enfants (d’où extrême mobilité d’une crèche à une autre). Le manque de personnel et la mobilité au jour le jour, l’arrêt d’activités d’éveil, tout concourt à la révolte légitime des parents et des salariées. Très organisés, le collectif des parents et les syndicats (CFDT, CGT, UNSA) ont réalisé plusieurs actions, grèves (9 jours en tout) et manifestations publiques, relayées par la presse locale, pendant toute la durée du conflit. C’est finalement le taux d’absentéisme du personnel, en constante augmentation vu les conditions de travail, notamment pour les 70 « roulantes », chargées de remplacer au pied levé toutes les absences des crèches et haltes-garderies municipales, qui obligera officiellement la municipalité à revoir sa copie.
 

La lutte a payé

Le 10 janvier, l’adjointe aux relations sociales de la ville de Lyon annonce la réorganisation de l’ensemble du service de la petite enfance : « On va doter chaque crèche de tout l’effectif prévu, une personne encadrante pour trois enfants ; cette nouvelle organisation fait appel à une déconcentration et à une autonomie de gestion des moyens pour mieux répondre aux intérêts des enfants ». Côté syndicats, c’est la satisfaction : « Le personnel attendait quelque chose de fort, c’est une très bonne nouvelle, on attend de vérifier sur le terrain ». 20 « tournantes » ont d’ores et déjà intégré des postes fixes et 25 autres devraient faire de même début avril. Concernant les autres revendications satisfaites : possibilité d’un reclassement pour les salariées usées physiquement et psychologiquement, visibilité du déroulement de la carrière et mise en place d’un numéro vert pour joindre le service enfance de la mairie et les représentants du personnel en cas de difficultés rencontrées par des salariées. À un an et demi des municipales, Christian Philip (poulain de Barre) ne pouvait qu’apaiser ce dossier rendu populaire par la lutte des parents et des salariées et qui ne lui laissait, de toute façon, pas d’autre choix.
 

Martial. — groupe Kronstadt (Lyon)