éditorial
D’honnêtes démocrates voient
dans l’arrivée au gouvernement de l’extrême droite autrichienne
un formidable bon avant pour l’Europe politique et de s’empresser de saluer
les sanctions symboliques qu’ont pris les 14 autres pays membres de l’Union
européenne.
L’objectif principal reste que cette dernière
puisse continuer de fonctionner plus ou moins normalement. Tel est le sens
de la déclaration de principe du gouvernement de Vienne sur le respect
des valeurs démocratiques. Ça ne coûte pas cher et
le fascisme peut continuer d’avancer tranquillement ses pions, étape
par étape en Autriche comme partout ailleurs en Europe.
Les centres de rétentions français
accueillent toujours sans relâche les sans-papiers et les maires
poursuivent la chasse aux Tsiganes qui viennent s’installer sur leurs fiefs.
Le fascisme ne s’identifie pas à un parti mais bien à un
ensemble d’attitudes et de pratiques qui attentent à la liberté
comme le font explicitement les conventions de Dublin et le traité
d’Amsterdam mettant en œuvre une politique commune contre l’immigration.
Lorsque les gens qui ont voté pour
la gauche s’aperçoivent que la construction européenne ne
bénéficient qu’aux riches, que le chômage et la précarité
ne cessent de s’étendre, la désillusion peut être grande.
Dans le contexte actuel, les solutions juridiques et légales prônées
par les forces de gauche antifascistes sont vouées d’ores et déjà
à l’échec puisqu’elles feignent d’oublier que le fascisme
et le racisme ne sont que les résultats de la domination capitaliste.
Certes, les nombreux journalistes, écrivains,
artistes ou intellectuels qui ont pris part à la protestation contre
le retour de la peste brune apportent une contribution à la lutte
antifasciste en soulignant notamment la responsabilité de l’État
autrichien dans la faiblesse de la « dénazification ».
On ne voit pas comment leur acharnement à
vouloir sauvegarder à tout prix les fondations du système
pourrait obtenir l’accord de populations écœurées qui ont
logiquement appris à être méfiantes vis-à-vis
de tous les discours politiques.
Une véritable opposition est indissociable
d’une revendication de liberté et d’émancipation sociale.
Combattre le fascisme, c’est lutter contre
toutes les formes d’autorités et d’exploitation afin d’éradiquer
pour toujours ses causes économiques et politiques profondes : le
capitalisme et l’État. Entre l’activisme forcené et un large
front antifasciste, dont le compromis porte en germe des risques de dissensions
encore plus violents, nous préconisons l’autonomie des différentes
forces antifascistes agissant selon leurs principes. À chacun
de prendre ses responsabilités et d’être conséquent.