Chantier du Métro Rennais

Une lutte victorieuse

Ils ont fait 8 jours de grève pour obtenir l’élection de délégués du personnel, les 35 heures payées 39, des primes d’insalubrité et de rendement, l’application des conventions collectives et le respect des normes d’hygiène et de sécurité. « Ils », ce sont les employés de la Cogifrer, sous-traitant de Matra sur le chantier du futur métro de Rennes. Une quarantaine de grévistes pour 60 ouvriers. Et au bout de huit jours, ils ont gagné sur tous les points sauf celui des 35 heures, une confortable augmentation de salaire (1300 à 1500 francs mensuels) aidant à faire passer la pilule.

Au milieu de la pluie de conflits sociaux « durs » qui, des municipaux de Rennes aux travailleurs de Mailleux (élévateurs pour tracteurs), en passant par le centre de distribution d’Intermarché et les postiers, fait le quotidien de l’Ille-et-Vilaine, la lutte des employés de la COGIFRER aurait presque pu passer inaperçue : ce n’était pas le mouvement le plus massif ; pas le plus long ; pas même le plus revendicatif. Alors quoi ?

Alors, c’était la première grève sur le chantier du futur métro Rennais, ce qui lui a valu une bonne couverture médiatique. Et surtout, cette grève a été impulsée de bout en bout par la CNT, seul syndicat présent sur le chantier. Ce qui nous donne évidemment la satisfaction de voir une lutte victorieuse. Mais aussi la joie de voir le mouvement anarchiste rennais etre le moteur d’un mouvement réussi, via un syndicat explicitement anarcho-syndicaliste, mais aussi par la solidarité militante et logistique sans faille de l’ensemble des libertaires organisationnels rennais.

D’ailleurs, personne ne s’y est trompé : en dehors des gestes individuels, les soutiens financiers ont émané essentiellement du mouvement anarchiste (F.A.) et des endroits où ses militant-e-s sont bien implantés localement (Comité des chomeurs et précaires, Force Ouvrière). Ailleurs, black-out, voire tentative de sabotage du mouvement.

Bref, si ce n’est pas encore tout-à-fait la révolution, c’est quand meme mieux qu’une petite victoire dans l’actualité, très fournie ces temps-ci, des luttes : c’est l’affirmation à Rennes de l’anarchisme comme une force sociale avec laquelle il faut compter. Avec laquelle les ouvriers en lutte de la COGIFRER ont su et pu compter.

Groupe La Commune (Rennes)