Dans Select Hotel, (réalisé
avec 80 000 F) un cordonnier, marchand de chaussures, politiquement à
droite, suivant la piste d’une paire de chaussures volées dans son
magasin, découvre un monde qu’il ne soupconnait pas et change a
son contact. À la fin du film, il ne cassera plus du jeune, c’est
certain. Quelque chose de fort l’a bouleversé profondement. Virtuosité
de la mise en scène en studio de la prison où se passe Zonzon,
son deuxième long métrage, adapté d’une pièce
de théâtre considérablement modifiée. Révélation
de Jamel Debbouze dans un vrai grand rôle. Et adhésion du
public. Zonzon a bien marché en salle, la vidéo marche
bien aussi.
Véra Briole, qui interprète
Madeleine, a été recompensée pour son travail à
Locarno par le prix d’interprétation. L’histoire de Madeleine, c’est
le quotidien d’une couseuse, retoucheuse qui travaille dans la petite boutique
de Monsieur Paul (Jean-Francois Gallotte). Sa vie, c’est l’espace exigu
entre sa machine a coudre et son appart, ripoliné de propreté,
miroir lisse de sa solitude.
La fermeture de la boutique lui donne
le temps de sortir et de s’ouvrir à autre chose. Elle articule ses
désirs, vit dans l’instant. L’accueil qu’elle fait au représentant
d’aspirateurs (Manuel Blanc), ou la rencontre dans l’autobus (Jean-Michel
Fête) sont des tranches de vie délicieuses, ironiques, à
savourer absolument.
On rit souvent dans 1999 Madeleine, on rit des situations et des paroles, on ne rit jamais des personnes. Conquis, le spectateur suivra Madeleine, la filant à distance. Chanceux il s’approchera de son espace intérieur. Il admirera la liberté de Madeleine, lancée a la reconquête d’elle-meme. Avec 1999 Madeleine, Laurent Bouhnik confirme son travail sur la couleur, sur l’esthétique, mieux encore, il a trouvé son style. Vivement 2000 Eve avec Anouk Aimée !