Remontée des luttes revendicatives
Pour une généralisation des
conflits !
Les luttes revendicatives se multiplient et
cela ne peut que se remarquer vu la somnolence qui a caractérisé
ce début d’année. C’est ainsi que des conflits locaux se
développent aux PTT à propos de la réduction du temps
de travail et de la réorganisation des services qui tendent à
toujours augmenter la charge de travail.
L’agitation est aussi très forte dans
le secteur hospitalier, tant public que privé, y compris dans les
branches périphériques comme les ambulanciers. Là
aussi l’application des 35 heures se fait dans des conditions catastrophiques
alors que depuis longtemps déjà le manque de personnel est
flagrant. Il faut ajouter à cela la restructuration hospitalière
en cours qui voit se réduire le nombre de lits et les services les
plus " rentables " être bradé au secteur privé. Le
mécontentement est vraiment profond, d’autant plus que les budgets
alloués d’office par la ministre Aubry, faute d’accord dans les
conseils d’administrations, ne donnent pas de marge de manœuvre pour répondre
aux besoins exprimés par les salariés.
Après les PTT, les hôpitaux,
les finances, les transports en commun,…
L’ignoble opération médiatique
sur la violence dans les écoles, développée à
l’initiative d’Allègre, ministre de l’éducation nationale,
ne peut cacher le fait que dans l’enseignement aussi le mécontentement
est profond et peut de moins en moins être dissimulé. Personne
ne nie la réalité de cette violence sociale exprimée
par une jeunesse désespérée et consciente de n’avoir
d’autre avenir que la précarité et la pauvreté à
laquelle il faut ajouter le mépris raciste pour les populations
issue de l’immigration. Mais même dans les quartiers les plus durement
touchés de Vénissieux, par exemple, chacun sait que les contrôles
policiers et la morale républicaine seront impuissants à
enclencher un début de solution. Les enseignants réclament
eux aussi des moyens humains et matériel pour avoir moins d’élèves
par classe, des prix de cantine adaptés aux ressources des familles,
etc. Ils ont conscience qu’il n’y a pas de réelle volonté
politique pour permettre à chaque enfant de trouver son plein épanouissement
parce que le problème n’est pas vraiment scolaire mais social et
politique. Il faudra encore du temps ou plus de désespoir pour rompre
la dépendance du monde enseignant vis à vis de la gauche
plurielle, responsable de la soumission de l’éducation aux lois
du marché et à son idéologie de compétition
effrénée entre les individus pour accéder aux richesses
produites collectivement.
L’agitation touche aussi le secteur privé
L’actualité nous a rappelé que
dans les transports routiers aussi çà s’agite beaucoup pour
définir le temps de travail réel d’un chauffeur qui dort
dans son camion à cinq cents km de chez lui. Les patrons ont fait
le forcing et obtenus, en moins de 24 heures pas mal de concessions de
Gayssot, ministre des transports. Les syndicats ouvriers viennent de donner
un petit peu la réplique mais n’ont guère eu droit qu’à
une réunion de travail et un vague observatoire d’application des
accords. Les salariés restent sur leur faim et craignent des arrangements
de salon. La grogne dû aux bas salaires et aux horaires impossibles
ne demande qu’à s’exprimer avec radicalité pour peu que les
chauffeurs ne se sentent pas floués par des représentants
pas très clairs.

Les conflits sont latents aussi dans certains
secteurs de la SNCF, à la RATP et dans les transports en commun
des grandes villes. Les agents des impôts et des finances, de l’ANPE,
des caisses de sécu,… sont aussi confrontés à l’application
des 35 heures et à des restructurations qui rendent leur travail
encore plus pénible.
La situation n’est pas meilleure dans ce qu’on
appelle injustement le secteur privé (fabriquer un boulon ou une
maison est d’utilité sociale ou publique, comme on voudra). Le mécontentement
est évident dans la métallurgie, la distribution et le commerce,
les chantiers du métro à Rennes comme du tramway à
Lyon où les rythmes de travail sont infernaux pour que tout soit
en fonction avant les municipales. Il y a là un potentiel de révolte
et de revendications qui buttent sur l’absence presque total de structures
de luttes efficaces. Il n’empêche que la tension monte d’autant plus
que chacun sait que ce n’est pas l’argent qui manque aux patrons et qu’on
nous répète à satiété que la courbe
du chômage baisse.
Ce qui est contredit par le scandale des licenciements
chez Moulinex, Michelin ou Valeo pour garantir aux actionnaires une part
plus importante de bénéfices. Faut-il y ajouter les revendications
des chômeurs et précaires qui crèvent la gueule ouverte
alors que les caisses de l’État débordent de fric ?
La nécessaire généralisation
des conflits
La coupe est pleine mais les gros (et non
pas grands) syndicats qui se targuent d’être représentatifs
des exploités n’ont rien de mieux à faire que de discuter
de la part qui leur sera allouée dans le paritarisme à la
mode patronale. Et ce n’est pas la déclaration commune de FO, CGT,
CFDT, CGC et CFTC de se porter garant de la pérennité de
la protection sociale qui peut nous rassurer. La réalité
des rapports de force fait que le MEDEF sait qu’il a intérêt
à négocier maintenant car il peut obtenir pour le patronat
des avantages considérables dans la part de nos salaires différés
(leurs soit disant charges) qui alimentent toutes les caisses de protections
sociales et d’entraide. Avec en prime la perspective de privatisation puisque
le gouvernement lui-même annonce des projets sur ce qu’il appelle
pudiquement l’épargne salariale alors qu’il s’agit bel et bien d’officialiser
ces saloperies de fonds de pension.
À notre sens négocier avec le
patronat en ce moment est une erreur parce que les salariés peuvent
obtenir beaucoup pour peu qu’ils relèvent la tête, affirment
leurs revendication et agissent de manière coordonnés et
concertées. Cette mobilisation générale des salariés
est d’autant plus nécessaire que le contexte international s’assombrit
avec de vives tensions dans les pays de l’Est, en Autriche mais aussi en
Irlande et au Moyen Orient sans compte la guerre économique que
se livrent à outrance les trusts mondiaux et qu’ils finissent toujours
par nous faire payer.
Il y a là un travail important à
faire que les bureaucrates des confédérations ne relaierons
jamais car cela déboucherait inévitablement sur une remise
en cause des rapports du monde du travail avec la politique mise en œuvre
par la gauche plurielle et la démocratie représentative en
général.
Si nous ne pouvons pas compter sur eux il
va bien nous falloir compter sur nos propres forces. Ce n’est pas nouveau
sauf qu’à moyen terme il est possible de modifier les rapports de
force et que c’est aussi le meilleur moyen de contrer les forces réactionnaires
et fascisantes.
Bernard. — groupe Déjacque (Lyon)