L’hôpital malade de la précarité
L’hôpital ne refuse aucun patient, il
répond aux demandes sans discrimination et accomplit ses missions
dans le cadre d’un budget global, dont l’évaluation prétendue
économique est avant tout bureaucratique et politique, l’incontournable
logique comptable éloignée de l’humain et de ses souffrances.
Sur Alès, trente emplois titulaires ont été perdus
ces trois dernières années : départs en retraite non
remplacés. Effectifs insuffisants, charge de travail toujours plus
lourde. Les services fonctionnent en temps normal avec le personnel minimum.
Les jours de grève, infirmiers et aide-soignants sont tous réquisitionnés
pour assurer le service minimum ; leur nombre habituel ne dépassant
pas cet effectif minimum : c’est-à-dire que l’hôpital fonctionne
en temps normal comme un service minimum, ce qui conduit à des situations
critiques. Cet hiver, des patients alésiens ont été
hospitalisés en Aveyron, faute de lits… Un patient nécessitant
une place en réanimation doit être conduit à Marseille
; Alès, Nîmes et Montpellier n’ayant plus de lits de réanimation
disponible. Ce sont autant de drames familiaux, avec des séparations
dans des circonstances de grande vulnérabilité.
Face à cela, il faut s’organiser et
mobiliser les personnels avec formation de comité de défense,
sensibilisation des usagers, distribution de tracts, remise en cause des
emplois précaires (une cinquantaine à Alès) ; aucune
création d’emplois n’est prévue au titre de la réduction
du temps de travail. Certaines des revendications, votées à
l’unanimité au conseil d’administration sont ignorées par
l’agence régionale d’hospitalisation. Rajoutons aussi leproblèmes
de statut également pour de nombreux médecins étrangers
sous-payés par rapport aux médecins français.
Quelques remarques en parallèle sur
le fonctionnement de la santé en secteur privé: Les médecins
y sont payés à l’acte. Conséquence : surconsommation
médicale avec sélection des patients intéressants.
Exemple : les surveillances des traumatismes craniens sont de préférence
orientées vers l’hôpital, car ne comptant que peu d’actes
techniques, elles sont donc peu rentables. Les services de chirurgie par
contre, sont développés. La prise en charge du sida, l’alcoologie,
considérées également comme peu rentables sont rejetées
du secteur privé.
D’un côté, nous avons un secteur
privé avec « hôtellerie soignée » qui choisit
ses patients, de l’autre l’hôpital public au budget insuffisant qui
travaille sans discrimination, un hôpital qui veut encore croire
en sa mission mais qui n’en a plus les moyens.
Florence. — Alès