CRISE DE FOI
Union sacrée homophobe
Au Royaume-Uni, le gouvernement s’apprête
à abroger une loi interdisant aux écoles, collèges
et lycées de « promouvoir l’homosexualité ».
Cela a suffit pour que les religions du pays s’unissent contre ce projet.
Les conservateurs, eux aussi, partent en croisade contre ce qu’il appellent
un projet de loi « sacrilège ». Le journal « Sun
» surenchéri : « La majorité silencieuse en a
assez des concessions faites à une minorité militante ! »
Le porte-parole de Tony Blair réplique que, selon « la manière
dont les opposants présentent les choses, on pourrait croire qu’il
est question d’autoriser le prosélytisme homosexuel ! Ce n’est pas
le cas. »
Les catholiques représentés
par le primat d’Ecosse, Thomas Winning, mais aussi le conseil musulman
du royaume, le grand rabbin Jonathan Sachs et les protestants anglicans
estiment eux, que la loi, imposée en 1988 par Thatcher, doit rester
telle qu’elle est. Pour le primat de l’Eglise catholique, cette loi n’interdit
pas spécifiquement aux enseignants « d’informer » les
élèves sur l’homosexualité. Il leur proscrit de la
« promouvoir intentionnellement » de la présenter comme
« une alternative acceptable à une relation familiale hétérosexuelle
». Doit-on les interner, Mgr Winning ? On voit mal un prof vanter
l’homosexualité à des collégiens. Dans quel but le
ferait-il ? La seule raison de l’opposition des religions à cette
abrogation de loi réside dans le fait que la justice considérait
un couple homosexuel comme égal à un couple hétérosexuel.
Or pour nos moralistes, une famille c’est uniquement un homme, une femme
et beaucoup d’enfants.
Si le cardinal Winning parle de l’homosexualité
comme « une perversion », qu’il ne faut « en aucun cas
encourager », l’archevêque anglican Georges Carey et le grand
rabbin Sachs, eux, insistent sur le fait qu’il n’est pas question de laisser
les enseignants présenter « les relations homosexuelles à
un niveau égal à celui du mariage en tant que contexte approprié
à l’intimité sexuelle ». Le problème de cette
loi que défend les religieux, c’est qu’elle peut être interprétée
comme interdisant toute information sur l’homosexualité. Gageons
que l’interdiction de toute discussion dans les lycées et collèges
n’empêchera pas les jeunes de vivre leur sexualité quoiqu’en
pensent les religieux.
Régis Boussières. — groupe Kronstadt
(Lyon)