éditorial
Depuis plusieurs mois, l’armée russe
poursuit l’invasion de la Tchétchénie, traînant avec
elle son lot d’horreurs modernes. Les villes et les villages sont systématiquement
pillés et dévastés, les populations vivent dans la
terreur : viols, exécutions sommaires sont leur lot quotidien, sans
oublier ces fameux « camps de filtrations ». Ceux-ci avaient
déjà fonctionné lors de la guerre de 94-96 : sur les
25 000 personnes qui y sont rentrées, seules 7 500 en sont ressorties,
dans un triste état.
Outre ces méthodes de guerre qui jusqu’ici
étaient censées être l’apanage des Milosevic et autres
dirigeants soigneusement estampillés fascistes, le nouveau président
intérimaire (la précarité est vraiment partout), a
demandé, et obtenu, l’enseignement militaire dans les écoles.
Pendant que tout le monde s’offusque de la montée de l’extrême
droite en Autriche, Poutine applique ce qu’Haider raconte, ne suscitant
chez nos politiciens locaux que quelques discours indignés sans
conséquences.
En fait, depuis la fin du « bloc de
l’Est », les dirigeants occidentaux n’ont cessé de fermer
les yeux sur les débordements de l’État russe : dès
1993, un soutien total est apporté à Elstine, arrivé
au pouvoir par la force des armes, soutien qui s’accompagne d’une multitude
de prêts et de crédits accordés à un l’État
russe, d’une multitude d’accords et de commissions inter-gouvernementales.
En même temps, tout le monde ferme les yeux sur les chasses aux étrangers
à Moscou, sur l’alliance avec le fasciste Jirinovski, sur le détournement
des fonds du FMI, tandis que la très grande partie de la population
survit comme elle le peut. À peine s’apitoie-t-on sur la première
guerre en Tchétchénie.
Et aujourd’hui, pendant qu’on torture et qu’on
tue, les tenants de l’ordre économique capitaliste, saluent l’arrivée
de Poutine en remplacement du chancelant Elstine, le nouvel homme ayant
l’avantage de parler anglais et de sortir du KGB. Le club de Londres offre
une ristourne de 10 milliards sur une dette de l’État russe, et
le secrétaire général de l’OTAN va causer de coopération
avec la Russie à Moscou.
Ce qui se passe en Russie aujourd’hui est
le résultat d’une longue suite de calculs économiques qui
se moquent bien de payer l’addition avec le sang des plus démunis.
Le capitalisme s’est toujours accompagné de guerres et de conflits
dont il a toujours su tirer profit. Il est temps que cela cesse. Pas de
guerre entre les peuples, mais la lutte entre les classes !