Hérault : Grèves en cascade à La Poste

Les conditions de travail des postiers n’ont eu de cesse de se dégrader. Par ailleurs, soumis aux critères de rentabilité, le service rendu aux usagers s’effiloche au profit d’une politique commerciale plus agressive dans des secteurs tels que le service aux entreprises ou les placements financiers.
Dans ce contexte, l’application de la loi sur la réduction du temps de travail provoque de très fortes tensions. L’accord d’entreprise conclu il y a plus d’un an renvoie à des négociations bureau par bureau. C’est donc bureau par bureau que ça coince. Depuis presque un an, les grèves locales se multiplient.
 

La grève s’étend

Dans le département de l’Hérault, quelques bureaux de poste avaient connu des mouvements sporadiques durant l’année 1999. Il avait alors été difficile d’étendre ces grèves puisque 80 % des bureaux de poste ne devaient passer aux 35 heures qu’au cours de l’année 2000. La stratégie de division de La Poste semblait ne pas connaître de failles. Mais entre le 19 janvier et le 11 février un mouvement de grève s’est développé pour toucher jusqu’à une quarantaine de bureaux dans le département Il s’agissait pour les postiers de refuser que les 35 heures entraîne une augmentation des cadences de travail. Les facteurs exigeaient aussi des créations massives d’emploi, seul moyen pour que la réduction du temps de travail n’entraîne pas une charge de travail supplémentaire et pour que le service rendu aux usagers soit de qualité. Enfin, la précarité s’est trouvée au centre de ce mouvement. La poste emploie actuellement 25 % de travailleurs précaires.
 

Le retour de l’action directe

Parti du bureau de Saint-Jean de Védas à la périphérie de Montpellier, la grève a pu s’étendre grâce à l’action des postiers en grève. Les grévistes se rendaient dans d’autres bureaux pour leur proposer de rentrer dans le mouvement. En quelques jours, sans qu’aucun préavis de grève n’ait été déposé, une trentaine de bureaux de poste avait rejoint le mouvement. Face aux menaces de répression de la direction pour « grève illégale » les facteurs ont décidé de reprendre le travail en demandant aux organisations syndicales de poser un préavis de grève illimité pour le lundi 7 février. C’est donc à l’appel des différentes organisations syndicales (CGT, SUD, CFDT, FO, CFTC) que 80 % des facteurs des environs de Montpellier ont repris le mouvement de grève. Cette fois ci, un nombre important de précaires rejoignait le mouvement. Après une manifestation dans les rues de la ville, les facteurs réunis devant les portes closes de leur direction départementale décidaient d’occuper le point stratégique que représente le centre de tri. Ainsi plus une seule lettre ne rentrait ou ne sortait. Cette action entraîna les agents du centre de tri dans la grève.
 

Une direction inflexible

Malgré un mouvement d’une ampleur rare, la direction de La Poste a refusé d’engager la moindre négociation. Jouant le pourrissement du mouvement, elle envoie même des facteurs du premier bureau en grève devant le tribunal pour atteinte à la liberté du travail. Déboutée par le tribunal, placée devant l’occupation de son centre de tri, La direction de La Poste campe malgré tout sur ses positions. C’est dire du soutien politique dont bénéficient les entreprises aujourd’hui pour ne rien céder aux travailleurs en lutte. Mise en difficulté, la direction emploie alors les grands moyens. Un huissier est envoyé pour constater le blocage du centre de tri, et les responsables de chacun des bureaux de la région sont convoqués au centre de tri pour dénoncer nominalement leurs agents afin de les traduire devant les tribunaux. Epuisés par plus de trois semaines de grèves, les postiers lèvent leur occupation et en trois jours reprennent le travail bureaux après bureaux.
 

Généraliser les conflits

Des mouvements de grèves comme celui de l’Hérault se sont produits dans d’autres lieux comme à Besançon, Nantes ou encore Rennes. Le mécontentement, lui, est général. Pourtant aucune organisation syndicale n’a réellement tenté d’entamer une grève nationale. Il est pourtant clair que le rapport de force imposait aux postiers de généraliser leur mouvement pour gagner. Le lien avec les autres secteurs du service public où des mouvements existent également est un élément de pression supplémentaire et est aussi le moyen pour le mouvement social de jeter les base d’un nouveau projet social. C’est à nous, militants anarchistes, partout où nous sommes présent de poser des ponts entre les acteurs de ces différents mouvements revendicatifs et la population.

C’est cette démarche que nous avons chercher à développer en organisant une rencontre débat à l’Antre anar (Montpellier) avec des acteurs des grèves à la Poste, dans l’Education nationale et dans les hôpitaux.

Stephane. — groupe « un autre futur »