Paroles de gréviste
Centre de tri postal de Lempdes (Clermont-Ferrand)
« Nous sommes en grève depuis
la nuit du 8 au 9 février. Le conflit actuel couve depuis un moment.
Après une grève dure en 1997, le staff directionnel a été
entièrement changé. Depuis, les conditions de travail se
sont encore dégradées, le flicage est continuel, les «
menaces » écrites et les sanctions pleuvent. En deux mois,
nous avons fait 7 journées de grève sur des mots d’ordre
syndicaux par rapport au 35 heures. Nous avions déposé un
préavis de grève pour minuit. À 23 h 45, ordre a été
donné à un chantier de fournir un boulot qui n’est pas de
leur ressort habituellement. Face à cette tentative de casser la
grève, les huit agents ont refusé et deux d’entre eux ont
reçu un blâme, les six autres de “Très sérieuses
observations”. Nous avons donc commencé une grève sans avoir
déposé de préavis (plus de 90 % de grévistes
dans l’équipe de nuit). La CGT et SUD-PTT (les deux syndicats présents
sur le centre) cherchent à axer la lutte sur les 35 heures et noient
ainsi les revendications de retrait des sanctions. Ce qui me gêne
c’est qu’avec les 35 heures, toutes les revendications d’augmentation de
salaire passent à la trappe… En plus, cette bataille pour la baisse
du temps de travail, on ne risque pas de la gagner tout seul, isolé.
Je pense que le mouvement est malheureusement sur la fin, les syndicats
commencent à parler de négociations. les sanctions ne seront
donc pas levées, ce qui va alourdir la pression qui pèse
sur chacun d’entre nous. Les titulaires coûtent trop cher, ils font
donc pression sur nous pour que nous lâchions nos postes et embauchent
des CDI dans le meilleur des cas et des CDD. Les CDI sont payés
au smic sans perspective d’augmentation, les CDD sont soumis à des
horaires flexibles. Le DRH déconseille d’ailleurs explicitement
aux précaires de faire la grève et les encouragent à
pratiquer la délation ! Nous payons une gestion qui se fout de la
qualité du service rendu et qui vise uniquement la réduction
des coûts. »
Propos recueillis par le groupe Spartacus
(Clermont-Ferrand)