L'amour libre
Qu’en est-il de l’amour libre ? Les publications
de La question sociale avaient ouvert le débat avec une première
brochure où des militantes libertaires d’hier et d’aujourd’hui s’exprimaient
sur le sujet. Mais, et les hommes ? Voici donc le second volet de la question.
L’amour libre vu par E. Armand dans un texte publié pour la première
fois en 1925, et auquel Yeun apporte son point de vue et son expérience
d’aujourd’hui. Ces deux textes mis face à face sont extrêmement
intéressants. E. Armand prônait l’amour libre dans une société
qui, faut-il le rappeler, n’était pas vraiment prête à
recevoir ces idées nouvelles (l’est-elle plus aujourd’hui ?). Ses
propos portent à la réflexion des thèmes comme «
L’éducation sexuelle », « La cohabitation » ou
« La jalousie ».
Si parfois E. Armand s’égare à
proposer quelques formules pour le moins malheureuse telle que «
Tous à toutes et toutes à tous » (il avait l’écriture
facile et ne se relisait peut-être pas toujours très attentivement
!), il eut aussi le mérite d’écrire, en 1925 : « À
“L’amour esclave”, la seule forme d’amour que puissent connaître
les sociétés autoritaires, l’anarchiste oppose donc “l’amour
libre”. À la “dépendance sexuelle”, c’est-à-dire à
la conception régnante qui veut que la femme soit le plus souvent
une chair à plaisir, l’anarchiste oppose la “liberté sexuelle”,
autrement dit la faculté, pour les individus de l’un ou l’autre
sexe, de disposer à leur gré de leur vie sexuelle, de la
déterminer selon les désirs et les aspirations de leur tempérament
sensuel ou sentimental. »
Ce texte d’E. Armand est suivi de «
La guillotine du siècle et les petits enfants du sexe », écrit
par Yeun, qui s’interroge sur les propos E. Armand, avec justesse : «
Bien que novateur et subversif, écrit Yeun, le texte de E. Armand
est par certains aspects une voie masculine reflétant à bien
des égards le système, où, en tant qu’homme, il est
avantageusement embourbé ; et cela malgré son désir
anarchiste d’égalité. Moi-même homme, je bénéficie
des avantages liés à mon sexe dont l’étendue m’est
régulièrement rappelée face à des questions
comme : quelle place me laisserait-on dans telle situation si j’étais
une femme ? »
Le débat est ouvert… et il y a encore
bien des choses à dire sur ce sujet. Gageons que les publications
de la Question Sociale ont encore d’autres textes dans son sac… Et précisons
que toutes les réactions, avis, etc. sont les bienvenues et contribueront
à enrichir ce débat.
Cathy Ytak
« L’amour libre, points de vue masculins
». Une publication de La Question Sociale. en vente à
la librairie du Monde libertaire. Où à commander directement
à : La Question Sociale, B.P 66 08120 Bogny-sur-Meuse. 38
F, port compris.