Le capitalisme, c’est marche et crève
!
Jospin à finalement décider
qu’il était urgent d’attendre avant que de faire accéder
les salariés au paradis de l’actionnariat d’entreprise. Il veut,
dit-il, prendre le temps de la réflexion. Y aurait-il donc un problème
quelque part ? Pourtant Bocquet, président du groupe communiste
à l’Assemblée nationale est à fond pour. Au point
qu’il a demandé à deux de ses collègues de pondre
un texte de 22 pages pour éclairer le parti sur les bienfaits et
les vertus de l’adhésion des travailleurs au capitalisme. C’est
pour mieux apprendre aux travailleurs à gérer une société
prétendent-ils… De sacrés rigolos les nouveaux communistes
!
Des régressions sociales de tous les
côtés
Dans le même temps Axa, société
d’assurance connue pour son humanisme publicitaire, décide de doubler
le montant des mensualités payées par 7 000 parents qui ont
le soucis d’assurer à leurs enfants trisomiques un revenu décent
après leur mort. Cela devait sans doute les aider à mieux
apprécier les lois de la rentabilité… Le PDG d’Axa a lui
aussi décidé que ce n’était pas une bonne idée.
Disons plutôt que le tollé général provoqué
par ce scandale l’aura convaincu d’attendre des jours meilleurs.
Un étudiant sur dix vivrait en
dessous du seuil de pauvreté. Le gouvernement joue la surprise face
à ce qui n’est pas vraiment une révélation et annonce
qu’il va mener sa propre enquête car il n’est pas sûr de l’ampleur
de la situation. Les ministres vivent-ils dans le même monde que
nous ? Autre exemple. Le PDG de Renault, Schweitzer, rayonnant de bonheur
a présenté ses résultats financiers comme s’il sortait
victorieux d’une terrible guerre. Pourtant Vilvorde n’est pas si loin dans
nos mémoires et dans les usines de Nissan, au Japon, ce n’est pas
l’enthousiasme qui domine vu les licenciements massifs qui s’annoncent.
Pour Schweitzer, tout va bien puisqu’il a provisionné le fric nécessaire
au paiement des indemnités. Ce qu’il adviendra de tous ces licenciés
n’est pas vraiment son affaire. Assurément, tout le monde n’a pas
les mêmes valeurs éthiques.
Ne pas céder au mirage du fric facile
Les ouvriers de Renault France doivent-ils
saliver sur le « pactole » que pourrait leur rapporter la distribution
d’actions. Rien n’est moins sûr…
Il suffit de mettre en parallèle
ce qui se passe chez Moulinex où les salariés viennent à
nouveau de manifester parce que justement virés pour cause de fusion
et restructuration nécessaire pour que demain le PDG puisse pavoiser
devant ses actionnaires en leur annonçant une « hausse substantielle
des bénéfices ».
Le smic à 50 ans mais ne deviendra
pas centenaire puisque quantité de statuts ont été
mis en place avec des salaires qui sont la plupart du temps inférieurs
de moitié au revenu minimum.La précarité devient la
référence obligée. C’est d’ailleurs une des raisons
qui font que l’agitation se développe dans le secteur public car
aux PTT, comme dans les hôpitaux et dans l’éducation, les
restructurations, redéploiements et autres restrictions de crédits
sont à l’ordre du jour.
La fronde sociale se répand
Lorsqu’on prend du recul sur ce que les médias
veulent bien mettre sous les feux de la rampe, à savoir le clown
d’Autriche, et sans vouloir minimiser l’événement, il y a
une montée en puissance des revendications et passage à l’acte.
Il ne s’agit plus de mécontentements diffus mais bien d’une volonté
de se mettre en mouvement pour faire face aux attaques dont nous sommes
l’objet. Et il n’est pas sûr que les confédérations
syndicales apprécient cette amorce de révolte. C’est bien
ce qui inquiète Jospin qui essaie de se positionner pour les présidentielles.
Il est à la recherche d’un projet de société qui soit
susceptible d’enflammer les troupes de gauche. Son intention est de se
poser en champion des « nouvelles formes de régulation économiques
» qui sont au cœur de son « projet de société
».
Le climat de fronde sociale qui s’étend
l’oblige à différer ses ambitions et à monter en première
ligne sur l’affaire de l’Erika en allant lui-même négocier
avec les associations anti-marée noire à Nantes. Nous sommes
certains, et c’est une évidence, que le projet de Jospin n’est que
le nouvel oripeau de l’Etat et du capitalisme assurant le profit et la
domination de la bourgeoisie mondialisée. Il reste à convaincre
les populations de se mobiliser pour imaginer et mettre en œuvre une alternative
sociale, par et à travers les luttes menées actuellement.
Notre chance est qu’une prise de conscience
s’amorce sur le fait que la brutalité et l’immoralité du
capitalisme ne peuvent pas être contenues par la gauche plurielle
parce qu’elle n’en a pas les moyens ni la volonté politique. C’est
à nous, militantes et militants actifs et présents au sein
des mouvements en court, à argumenter, proposer et s’investir pour
que cette dynamique prenne du poids et de l’ampleur. Nous n’avons pas un
boulevard devant nous mais un terreau favorable. Il nous reste à
propager l’idée d’une autogestion des luttes. En attendant mieux.
Bernard. — groupe Déjacque (Lyon)