MONTPELLIER
15 000 personnes dans la rue pour l’école
!
Depuis le début du mois de février,
de nombreuses mobilisations agitent le petit monde enseignant. Suivant
le chemin tracé par le département du Gard, les enseignants
du primaire héraultais organisent AG, manifestations et occupations
d’écoles.
Actions, revendications, tous azimuts
Un premier rendez-vous rassemble le samedi
12 février 15 000 personnes à Montpellier : parents, instituteurs,
professeurs des écoles, aide-éducateurs, tout le monde descend
dans la rue. Les revendications sont simples : de meilleures conditions
de travail pour garantir un meilleur accueil des enfants (630 postes pour
le seul département de l’Hérault, 500 pour le Gard), des
effectifs réduits dans les classes pour un encadrement et une éducation
de qualité. Mercredi 16 février, 12 000 personnes environ
se retrouvent à nouveau pour une manifestation cette fois régionale.

Aux enseignants et parents du primaire se
joignent alors les professeurs du secondaire, demandant eux aussi à
revoir les prévisions des effectifs pour la rentrée prochaine.
Deux manifestations d’une telle ampleur en quelques jours n’ont pas manqué
de faire réagir le mégalo-maire de Montpellier, Georges Frêche,
qui a adressé une requête personnelle à Allègre,
son compagnon de parti mais aussi de région, lui disant qu’il ne
pouvait laisser l’Hérault à l’abandon, lui qui est du coin…
Et puisqu’il n’est jamais à court d’idées électoralistes,
Frêche a également fait poser une banderole sur le fronton
de l’opéra, clamant sa solidarité avec les parents et enseignants
de l’Hérault. On comprend qu’il ait délaissé les gardois
qui eux, menacent déjà de ne plus voter PS et vont même
jusqu’à brûler leurs cartes d’électeurs…
Du fric ! pas du flic !
L’originalité et la force de ce mouvement
résident sûrement dans le fait que pour une fois l’école
ne se contente pas d’une journée de grève de 24 heures mais
travaille avec ses usagers : les parents d’élèves. Ensemble,
enseignants et parents montrent que l’école ne peut être traitée
comme une vaste entreprise à rentabiliser. L’idée d’un service
public accessible et de qualité pour tous apparaît en filigrane.
Car de la même façon que les postiers en grève peu
de temps avant et de la même façon que les hospitaliers, le
mouvement des parents et enseignants pointe du doigt la mise à mal
du service public. Il semble que le plan Allègre, sorti à
grand renfort de reportages médiatiques et alarmistes sur la violence
à l’école, n’ait pas réussi à apaiser les enseignants.
Au contraire, on voit là s’affronter deux logiques opposées
: d’un côté un ministre qui autorise l’intervention de la
police dans les établissements du secondaire, qui favorise la répression
et les cours de morale et de l’autre des acteurs de l’Éducation
qui portent la revendication d’une meilleure éducation, qui passe
avant tout par de meilleures conditions de travail pour les enseignants
et un meilleur accueil pour les enfants et les parents. En tout cas, Allègre
peut bien mettre tous les flics qu’il veut à la sortie des collèges,
tant que les réelles causes de la violence à l’école
ne seront pas combattues, les réactions et les révoltes subsisteront.
Les enseignants et parents donnent aujourd’hui
un bon exemple de lutte : c’est en combattant ensemble que les usagers
et acteurs du service public pourront obtenir ce qu’ils veulent. De même,
c’est en luttant ensemble que les différents secteurs du service
public gagneront gain de cause. L’État n’est qu’un patron-gestionnaire
comme les autres et nous ne pouvons accepter que les services indispensables
au public (éducation, communication, santé, logement…) soient
gérés par les politiciens, de gauche ou de droite. Il nous
revient de choisir ce que nous attendons du service public, sans question
de rentabilité, sans prétexte de rationalité.
Stéphanie. — groupe « Un Autre
Futur » (Montpellier)