éditorial
La troisième voie du PS, la troisième
gauche de Cohn-Bendit et les appels à adhésion du PC en direction
de personnalités associatives et des intellectuels, annoncent la
volonté pour la gauche plurielle de faire peau neuve en prévision
des municipales de 2001. La tâche s’annonce tout de même difficile
vue la multiplication des conflits sociaux provoqués par la marche
forcée vers les 35 heures. Celle-ci s’accompagne le plus souvent
de restrictions salariales qui donnent à penser que le gouvernement
se fait des « cagnottes » sur le dos des services publics.
Du coup la deuxième étape de la « nouvelle donne »
proposée par le gouvernement Jospin risque de ne pas rencontrer
le plébiscite souhaité. Surtout que la réforme de
la fiscalité et des retraites ainsi que le développement
de l’épargne salariale n’enthousiasme pas vraiment le monde du travail,
y compris les syndicats de gauche.
Ainsi pour les différentes composantes
de la gauche plurielle, les petits meurtres entre amis vont bon train.
Ne voit-on pas Voynet manifester pour la Tchétchénie contrastant
ainsi avec la passivité du gouvernement sur le sujet. Mais ces stratégies
de démarcation visent à ce que chacun puisse tirer son épingle
du jeu, en refusant de prendre à son compte la politique libérale
du gouvernement.
Pourtant tous ont aujourd’hui en commun l’acceptation
des lois du marché. C’est justement pour leur laisser libre cours
que les dirigeants mettent en place des minima sociaux. Garantir la survie
de ceux que le marché laisse sur la paille, évite des conflits
qui empêchent de profiter en rond. Par conséquent au moment
venu chacun rentrera dans le rang pour conserver sa place au pouvoir, y
compris l’extrême gauche qui appellera à voter « contre
la droite », c’est-à-dire « pour la gauche plurielle
» au second tour. Les jeux sont faits…
Seul facteur d’incertitude : les affaires
qui vont sans doute décider de qui pourra se retrouver sur la ligne
de départ. Pour ceux qui seront passés au travers, le projet
politique sera à droite comme à gauche, un projet libéral.
À nous de leur mettre des bâtons dans les roues. Imposons
nos choix à des nantis qui ne cèdent que face aux luttes.
Les mouvements dans l’éducation, aux PTT, dans les hôpitaux
semblent de plus en plus affirmer des revendications qui visent à
une remise en cause globale des logiques de fonctionnement des services
sociaux, vers une prise en compte des besoins humains. C’est un espoir
de changement, pour ceux qui, de plus en plus nombreux, ne croient plus
que l’alternance des partis au pouvoir soit un remède à leurs
maux.