Belgique
La loi de régularisation des sans-papiers
est un véritable piège
L’avocat Jean Fermon est coauteur, avec Georges-Henri
Beauthier du livre « Régularisation, comment, pour qui ? »
(Éditions EPO). D’après lui, il y a eu une véritable
campagne pour que les sans-papiers introduisent un dossier. Cette campagne
a été organisée par des institutions officielles,
et para-officielles.
On a entendu très peu de voix pour
attirer l’attention sur le danger que comportait ces demandes. Il y a eu
35 000 demandes. On peut s’interroger sur le nombre de régularisés.
Cette loi est un véritable piège.
Toutes les personnes qui ont rentré un dossier ne répondant
pas tout à fait aux critères, ou qui n’ont pas introduit
de demande, sont aujourd’hui en danger d’expulsion. Selon les estimations,
le nombre réel de sans-papiers varie entre 50 000 et 100 000. Le
gouvernement a avancé lui-même le chiffre de 75 000.
Durant trois semaines, les frontières
ont été fermées, et 1647 personnes se sont vu refuser
l’accès au territoire belge. Et parmi celles-ci, il y en a certainement
qui voulaient demander l’asile, et qui se trouvent en difficultés.
On a même refusé l’entrée à des cars de Roms,
venus de Slovaquie, qui n’avaient pas besoin de visa, et qui voulaient
assister à l’enterrement de trois des leurs, tués dans un
accident de voiture à Gand. Le ministre de l’Intérieur, Duquesne,
a déjà annoncé qu’il maintiendra des contrôles
dans les zones frontalières, dans les trains. Il veut de nouveaux
accords de coopération policière avec l’Allemagne et la France.
La régularisation partielle et la fermeture
des frontières montrent que nous ne sommes pas dans une logique
impliquant une plus grande liberté de circulation des personnes,
mais bien un surcroît de contrôles policiers, et une dérive
de plus en plus inquiétante vers un État policier. Les matches
de football dits « à risques », de l’Euro 2000, permettront
certainement une répétition générale, en manière
de déploiement policier.
Cerise