éditorial
Il n’y a pas plus de hasard dans les prises
de positions politiques des élus corses partagés entre autonomie
et décentralisation que dans celles de Jospin prêt à
discuter de tout si rien ne remet en cause l’unicité de la République
ou celles de Chirac qui évoque pour les Antilles une possible évolution
de leur statut politique sans rien expliquer de son contenu.
Autant de belles déclarations qui ne
mangent pas de pain et qui permettent de temporiser et de repousser à
plus tard toutes démarches et décisions sur des enjeux qui
taraudent l’État depuis des lustres. En attendant, des centaines
de prisonniers basques, antillais, corses, guyanais et autres croupissent
dans des prisons bien françaises.
Pourtant le principe de la République
une et indivisible, à l’image du dieu des chrétiens, n’a
jamais été et sera à l’avenir, de moins en moins en
mesure s’assurer une cohésion sociale et politique aux populations
qu’elle prétend rassembler et contrôler. Depuis 1789, notre
histoire est jalonné de révoltes et de répressions
envers des populations qui n’ont jamais accepté la domination que
l’État français leur imposait.
Cette incapacité de l’État à
garantir une égalité d’existence entre les différentes
collectivités socio-culturelles à été faite
par les anarchistes depuis belle lurette, c’est pourquoi nous proposons
que les rapports sociaux se structurent autour du concept de fédéralisme
dont nous précisons qu’il doit être libertaire.
Nous sommes pour l’autonomie individuelle
et collective et la libre association qui implique la possibilité
de se dissocier. Le fédéralisme libertaire repose sur un
constat simple : les êtres humains sont des êtres qui entretiennent
des liens d’interdépendance hors desquels ils ne pourraient survivre.
L’entraide et l’échange sont des nécessités incontournables
à l’évolution de tout groupe humain. Et toute volonté
tendant à vouloir réguler, contrôler et normaliser
ces relations ne peut que se traduire par la mise en place d’un système
coercitif et autoritaire. C’est bien ce qui nous distingue des mouvements
indépendantistes et nationalistes qui se définissent d’abord
contre les autres.
La liberté de la population basque
et corse ne sera que le jour où cette revendication saura s’articuler
avec celles des populations françaises, espagnoles,… dans la liberté
et l’égalité. C’est-à-dire lorsque nous aurons su
définir et mettre en œuvre, ensemble, un projet porteur d’émancipation
assurant à chacun une totale liberté et égalité
économique et sociale. Pour le moment, nous ne connaissons que l’arrogance
des nationalistes qui prétendent être propriétaires
de nos existences en nous collant des identités que nous n’avons
pas forcément choisis !