Dans les lycées professionnels comme ailleurs,

Préparons la grève générale dans l’Education !

Ce n’est plus un secret pour personne ! On commence à parler de la grève des enseignants des lycées professionnels (L.P.). Les médias se sont enfin emparées des informations depuis peu. Et pourtant, cela fait plus d’un mois que les mouvements de mécontentement se sont fait jour. Depuis le 3 février, il n’y a pas eu une semaine sans manifestation, occupation d’établissements, « prise en otage » de chefs d’établissements, et bien d’autres résistances à la modification concernant le statut des professeurs de Lycées Professionnels.
 

Le nouveau statut : un coup tordu !

Reprenons l’historique de ce pseudo-nouveau statut. En 1992, est créé un nouveau statut concernant les enseignants de L.P., un nouveau grade le PLP2 qui a la même rémunération que les enseignants des lycées et collèges issus du concours CAPES. Ce statut possède déjà en lui les germes de la flexibilité et de l’annualisation, mais ne peut être mis en place parce qu’il existe au sein du même établissement deux grades différents de statuts différents, les PLP1 et les PLP2. Ce statut de 1992 n’a pas été signé par tous les syndicats. Or actuellement, le passage des enseignants du grade PLP1 au grade PLP2 s’achève. On se trouve donc dans une situation de corps unique avec un unique statut, celui de 1992. Seulement voilà, l’évolution de la société a fait que ce statut semble être obsolète pour le Ministère et ne corresponde pas aux critères économiques actuels. D’où une redéfinition de ce statut avec certains amendements, qui ne concernent que certains articles. Il ne fait apparaître que flexibilité, annualisation, pondération, individualisation, et liquidation de la formation continue ! Cela veut dire en clair pour les enseignants comme pour les élèves la disparition d’un emploi du temps hebdomadaire fixe pour une adaptation aux besoins du moment, le service de l’enseignant négocié de gré à gré avec le proviseur ou le chef des travaux, le financement de la formation des enseignants par des heures supplémentaires, non rémunérées, alimentant un crédit-formation. Les enseignants de LP ne sont que le début d’un vaste remaniement des différents statuts dans le service public d’Éducation.
 

Une réaction qui ne s’est pas fait attendre !

Avec les informations qui arrivaient au compte-goutte dans les établissements, il a tout de même paru évident à un maximum de personnes qu’il fallait faire quelque chose. Les académies étant séparées en trois zones, et du fait des vacances de février, la résistance au décret a toujours été effective à plus ou grande échelle, suivant l’importance des académies. Mais c’est surtout depuis le 6 mars, jour de fin de vacances pour la dernière zone que la réaction est la plus forte. A Paris, ce 6 mars, jour du vote du nouveau décret au Ministère, ce sont près de 8000 manifestants qui se retrouvent dans la rue, environ 900 participants lors de l’Assemblée générale représentant 221 établissements de la région parisienne et de l’Eure. Ailleurs, la reprise se fait tant bien que mal. Sur le Rhône, le 7 mars, ce sont près de 300 manifestants qui partent spontanément en manifestation de la Bourse du Travail de Lyon jusqu’au Rectorat.

La mobilisation continue. Du lundi 6 où il y avait des grévistes dans 7 établissements, on passe le 7 à 14 établissements, pour arriver le 9 avec des grévistes dans 35 des 38 Lycées Professionnels de l’Académie de Lyon et une manifestation d’environ 1500 personnes enseignants et élèves compris. Un mouvement qui va donc crescendo mais qui peut aussi atteindre rapidement ses limites. Heureusement les enseignants ne sont pas seuls à vouloir contrer cette réforme : certains chefs d’établissement, comme celui de Vaulx-en-Velin, refusent d’accepter ce que le Rectorat leur propose. Mais cela ne peut suffire. Dès lors, les enseignants mettent en avant différents types d’actions suivant les établissements : grève des conseils de classe, grève tournante, prise d’assaut du standard… Tout est bon pour bloquer le système !
 

Un fonctionnement de démocratie directe !

C’est un des enseignements que l’on peut d’ores et déjà tirer de cette grève. Dès le début sont apparues des Assemblées Générales souveraines avec l’élaboration collective de compte rendu d’AG dans tous les établissements et l’utilisation du Net pour faire passer un maximum d’informations, une mise en commun des actions concrètes faites par les différents établissements. Sur le Rhône, notons quand même depuis le 6 mars, l’arrivée de camarades de FO dans la grève, et qui essayent par tous les moyens de structurer à l’extrême le mouvement sous couvert d’efficacité. Ils se retrouvent sur leurs positions bien seuls : nous ne les plaindrons pas !
Leur entrisme à la petite semaine n’a pas été du goût de tout le monde. Les caricatures sont encore bien vivantes…
 

Quid du futur ?

Deux moments forts pointent et paraissent porteurs d’espoir. Le 14 mars tout d’abord où les établissements vont se retrouver dans la rue, mais sans aucun doute avec le soutien des lycéens et des parents d’élèves. Le 16 apparaît non pas comme la finalité de la grève, mais plus comme une étape pour aller vers une manifestation nationale à Paris, de masse. Le point de mire est toujours le retrait sans concessions du décret proposée par Allègre. Mais ne nous leurrons pas : la grève générale dans l’éducation, au vu des enjeux actuels est sans doute le seul moyen d’imposer un rapport de forces qui permette de faire tomber la politique actuelle et d’influer sur d’autres optiques gestionnaires et pédagogiques.

Jérôme. — groupe Saornil (Lyon)