Association Internationale des Travailleurs
Conseil fédéral des sections
Parisiennes
Travailleurs,
Une longue suite de revers, une catastrophe
qui semble devoir entraîner la ruine complète de notre pays,
tel est le bilan de la situation créée à la France
par les gouvernements qui l’ont dominée.
Avons-nous perdu les qualités nécessaires
pour nous relever de cet abaissement ? Sommes-nous dégénérés
au point de subir avec résignation le despotisme hypocrite de ceux
qui nous ont livrés à l’étranger et de ne retrouver
d’énergie que pour rendre notre ruine irrémédiable
par la guerre civile ?
Les derniers événements ont
démontré la force du Peuple de Paris, nous sommes convaincus
qu’une entente fraternelle démontrera bientôt sa sagesse.
Le principe d’autorité est désormais
impuissant pour rétablir l’ordre dans la rue, pour faire renaître
le travail en atelier et cette impuissance est sa négation.
L’insolidarité des intérêts
a créé la ruine générale, engendré la
guerre sociale ; C’est à la liberté, à l’égalité,
à la solidarité qu’il faut demander d’assurer l’ordre sur
de nouvelles bases, de réorganiser le travail qui est condition
première.
Travailleurs,
La révolution communale affirme
ces principes, elle écarte toute cause de conflit dans l’avenir.
Hésiterez-vous à lui donner votre sanction définitive
? L’indépendance de la Commune est le gage d’un contrat dont les
clauses librement débattues feront cesser l’antagonisme des classes
et assureront l’égalité sociale.
Nous avons revendiqué l’émancipation
des travailleurs et la délégation communale en est la garantie
car elle doit fournir à chaque citoyen les moyens de défendre
ses droits, de contrôler d’une manière efficace les actes
de ses mandataires chargés de la gestion de ses intérêts
et de déterminer l’application progressive des réformes sociales.
L’autonomie de chaque commune enlève
tout caractère oppressif à ses revendications et affirme
la République dans sa plus haute expression.
Nous avons combattu, nous avons appris à
souffrir pour notre principe égalitaire, nous ne saurions reculer
alors que nous pouvons aider à mettre la première pierre
de l’édifice social.
Qu’avons-nous demandé ? L’organisation
du Crédit de l’Echange, de l’Association afin d’assurer au Travailleur
la valeur intégrale de son travail. L’instruction laïque et
intégrale ; le droit de réunion et d’Association, la liberté
absolue de la Presse, celle du citoyen ; l’organisation au point de vue
municipal des services de police, de force armée, d’hygiène
de statistique, etc.
Travailleurs,
Nous avons été dupes de
nos gouvernants, nous nous sommes laissé prendre à leur jeu
alors qu’ils caressaient et réprimaient tour à tour les factions
dont l’antagonisme assurait leur existence.
Aujourd’hui le peuple de Paris est clairvoyant,
il se refuse à ce rôle d’enfant dirigé par le précepteur
et dans les élections municipales, produit d’un mouvement dont il
est lui-même l’auteur, il se rappellera que le principe préside
à l’organisation d’un groupe, d’une association est le même
qui doit gouverner la société entière et comme il
rejetterait tout administrateur, président imposé par un
pouvoir en dehors de son sein, il repoussera tout maire, tout préfet
imposé par un gouvernement étranger à ses aspirations.
Il affirmera son droit supérieur au
vote d’une assemblée de rester maître dans sa ville et de
constituer comme il lui convient sa représentation municipale sans
prétendre l’imposer aux autres. Dimanche 26 mars, nous en sommes
convaincus, le peuple de Paris tiendra à l’honneur de voter pour
la Commune.