1871, la Commune de Paris

Les citoyens gèrent la ville eux-mêmes

Le 18 mars 1871 débutait la Commune de Paris. Ce fut une des premières tentatives tentant de matérialiser l’idée d’une société libre et égalitaire.
Il nous semble important au moment où se développe dans la société française toute une série de conflits liés au principe du service public de rappeler qu’on ne peut isoler la problématique de l’enseignement d’avec tout ce qui constitue la réalité d’une collectivité humaine.
Allègre lui-même le revendique Il veut soumettre l’enseignement aux lois économiques et politiques qui bouscule l’ensemble des rapports sociaux au seul bénéfice du capitalisme et de l’État. Saurons-nous, comme nos anciens lui répondre par un projet alternatif partant des besoins et désirs de chacun ? C’est à nous de relever ce défit.
Le texte ci-dessous est ainsi là pour mémoire. Mais quelle audace avait donc les communards que nous n’aurions pas ?

Association Internationale des Travailleurs
Conseil fédéral des sections Parisiennes

Travailleurs,
Une longue suite de revers, une catastrophe qui semble devoir entraîner la ruine complète de notre pays, tel est le bilan de la situation créée à la France par les gouvernements qui l’ont dominée.

Avons-nous perdu les qualités nécessaires pour nous relever de cet abaissement ? Sommes-nous dégénérés au point de subir avec résignation le despotisme hypocrite de ceux qui nous ont livrés à l’étranger et de ne retrouver d’énergie que pour rendre notre ruine irrémédiable par la guerre civile ?

Les derniers événements ont démontré la force du Peuple de Paris, nous sommes convaincus qu’une entente fraternelle démontrera bientôt sa sagesse.

Le principe d’autorité est désormais impuissant pour rétablir l’ordre dans la rue, pour faire renaître le travail en atelier et cette impuissance est sa négation.

L’insolidarité des intérêts a créé la ruine générale, engendré la guerre sociale ; C’est à la liberté, à l’égalité, à la solidarité qu’il faut demander d’assurer l’ordre sur de nouvelles bases, de réorganiser le travail qui est condition première.

Travailleurs,
La révolution communale affirme ces principes, elle écarte toute cause de conflit dans l’avenir. Hésiterez-vous à lui donner votre sanction définitive ? L’indépendance de la Commune est le gage d’un contrat dont les clauses librement débattues feront cesser l’antagonisme des classes et assureront l’égalité sociale.

Nous avons revendiqué l’émancipation des travailleurs et la délégation communale en est la garantie car elle doit fournir à chaque citoyen les moyens de défendre ses droits, de contrôler d’une manière efficace les actes de ses mandataires chargés de la gestion de ses intérêts et de déterminer l’application progressive des réformes sociales.

L’autonomie de chaque commune enlève tout caractère oppressif à ses revendications et affirme la République dans sa plus haute expression.

Nous avons combattu, nous avons appris à souffrir pour notre principe égalitaire, nous ne saurions reculer alors que nous pouvons aider à mettre la première pierre de l’édifice social.

Qu’avons-nous demandé ? L’organisation du Crédit de l’Echange, de l’Association afin d’assurer au Travailleur la valeur intégrale de son travail. L’instruction laïque et intégrale ; le droit de réunion et d’Association, la liberté absolue de la Presse, celle du citoyen ; l’organisation au point de vue municipal des services de police, de force armée, d’hygiène de statistique, etc.

Travailleurs,
Nous avons été dupes de nos gouvernants, nous nous sommes laissé prendre à leur jeu alors qu’ils caressaient et réprimaient tour à tour les factions dont l’antagonisme assurait leur existence.

Aujourd’hui le peuple de Paris est clairvoyant, il se refuse à ce rôle d’enfant dirigé par le précepteur et dans les élections municipales, produit d’un mouvement dont il est lui-même l’auteur, il se rappellera que le principe préside à l’organisation d’un groupe, d’une association est le même qui doit gouverner la société entière et comme il rejetterait tout administrateur, président imposé par un pouvoir en dehors de son sein, il repoussera tout maire, tout préfet imposé par un gouvernement étranger à ses aspirations.

Il affirmera son droit supérieur au vote d’une assemblée de rester maître dans sa ville et de constituer comme il lui convient sa représentation municipale sans prétendre l’imposer aux autres. Dimanche 26 mars, nous en sommes convaincus, le peuple de Paris tiendra à l’honneur de voter pour la Commune.

Les délégués présents à la séance de nuit du 23 mars 1871

Le conseil fédéral des sections parisiennes, la chambre fédérale des sociétés ouvrières