Carte scolaire

Ça bouge aussi dans le 76 !

Sans atteindre l’ampleur de la mobilisation du Gard, le mouvement contre les suppressions de postes en Seine-Maritime, cru 2000, est en passe de rester dans les annales dans la catégorie grand millésime ! Des dizaines d’écoles occupées par les parents (parfois jours et nuits), sans oublier l’Inspection académique du Havre, des institutrices et des instituteurs en grève reconductible, avec AG décisionnelles, certain-e-s depuis le 2 mars (il y a toujours des secteurs plus en pointe que d’autres), un  mouvement qui s’étend, qui s’élargit, d’autant plus que les collèges s’y mettent aussi pour cause de dotations horaires insuffisantes,  des actions de toutes sortes, une grande manif départementale le 11 mars (avec pour objectif de faire aussi bien que dans le Languedoc) etc. Bref, de mémoire de militant syndicaliste ou parental, on n’avait jamais vu ça ! Il faut dire que les intentions de l’inspecteur d’académie ont mis le feu au poudre… Alors qu’il était censé « ne rendre que 65 postes» au ministère, ce qui est déjà un scandale en soi, il annonce 125 fermetures de classes, sans compter 5 Clis (Classes d’intégration scolaire) et 11 postes de remplaçant ! Avec en prime 16 blocages ! Pour quelques ouvertures prévues chichement accordées.

Logique comptable et arithmétique ne vont pas forcément de pair. Le tout au prétexte de la baisse démographique (2000 élèves en mois). Et là dessus, il a le culot d’affirmer que le taux d’encadrement augmentait, car il aurait pu en fermer plus par rapport à la baisse des effectifs, et donc la qualité de l’enseignement s’améliorait ! Si on ajoute que les fermetures sont prévues en grande majorité dans les ZEP (Zones d’Éducation Prioritaire que visiblement l’administration transforme en Zone d’Éducation en Perdition), que depuis deux ans 57 postes de remplaçants ont déjà été sucrés, on comprend mieux la colère des parents et des enseignants, et la vigueur de leurs réactions. D’autant plus méritoires que les organisations syndicales majoritaires (SNUIPP et SE) ont plutôt freiné des quatre fers, car leur seul objectif était de réussir la grève de la fonction publique du 16 mars. On peut donc hélas craindre que cette journée ne soit pas seulement le point d’orgue mais aussi l’enterrement de première classe du mouvement, d’autant plus que les décisions concernant la carte scolaire seront entérinées le 14 mars. En attendant, la lutte continue contre la fermeture des classes mais aussi pour l’ouverture de nouvelles, afin d’arriver à un maximum de 20 élèves par classe en ZEP et 25 ailleurs, soit 200 à 300 postes !

Eric Gava. — groupe de Rouen